Les synchronicités entre coïncidences signifiantes et rétro-causalité
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Les synchronicités entre coïncidences signifiantes et rétro-causalité



Depuis près d’un siècle les sciences de pointe démontrent que la matière et le temps n’existent pas vraiment. Ce sont des concepts nés d’illusions perceptives. Loin d’être mécaniste et unidirectionnel, le temps quantique fait voler en éclats l’idée même d’un ‘présent’ avançant inexorablement vers un supposé futur. Les synchronicités sont là pour nous le rappeler.



Aujourd’hui, la science classique se heurte à l’incroyable défi que représentent les nombreux témoignages de synchronicités, ces phénomènes qui ne laissent aucune possibilité d’explication causale. Ces « coïncidences signifiantes » possèdent souvent une probabilité si infime, qu’elles échappent à toute logique et semblent exclure toute origine due au simple hasard. Elles sont dites « signifiantes » car leur sens unique, parfois profond, n’est perçu que par la personne qui vit la synchronicité elle-même (un observateur extérieur ne peut y voir qu’une simple coïncidence).
Ainsi, dans la psychologie analytique développée par le psychiatre suisse Carl Gustav Jung, la synchronicité est l’occurrence simultanée d’événements physiques (extérieurs) et psychiques (intérieurs) qui ne présentent pas de lien de causalité, mais dont l’association prend un sens pour l’individu qui les perçoit. Cette notion s’articule autour d’autres notions de la psychologie jungienne, comme celles d’archétype et d’inconscient collectif.

Un des exemples le plus éloquent raconté par Jung est celui d’une patiente ayant tendance à trop rationaliser ce qui lui arrive, rendant ainsi son analyse inefficace. Un jour, elle raconte un rêve à Jung dans lequel elle reçoit un scarabée en or. Au même instant, elle entend un bruit à la fenêtre, Jung se lève et va l’ouvrir afin de saisir l’insecte à l’origine du bruit. Il le montre à sa patiente et lui dit : « Le voilà votre scarabée doré ». A cette vue, la patiente ressent un choc qui aura pour effet de générer un puissant déblocage mental qui l’aidera grandement à la poursuite de sa thérapie.

Dévoiler les archétypes
Pour Jung, la notion de synchronicité gagne à être comprise dans le contexte d’un inconscient collectif constitué d’archétypes. En effet, Jung s’intéresse très tôt aux thèmes ou motifs archétypiques qui s’activent chez ses patients. Il observe que dans leur vie des événements s’organisent souvent autour d’un thème — générant de forts affects, conflits et souffrances — au sein duquel l’individu se sent prisonnier. Jung constate également l’occurrence de ‘symétries’ ou ‘correspondances’ entre ce que vit et éprouve un individu et des événements externes de sa réalité. Plus précisément, d’étranges coïncidences se révèlent souvent comme profondément porteuses de sens, le lien entre le vécu personnel et l’événement externe (en apparence sans rapport) étant le thème archétypique qui se dévoile via la synchronicité.

Ce qui fera dire à Jung qu’« Il est parfaitement possible que l’inconscient ou un archétype prenne possession complète d’un individu et détermine son destin jusqu’au moindre détail. Simultanément, des phénomènes parallèles non psychiques peuvent avoir lieu et ceux-ci représentent également l’archétype. Il est avéré que l’archétype se fait réalité non seulement psychiquement chez l’individu, mais objectivement à l’extérieur de celui-ci. »

Sur le plan théorique, les synchronicités posent un défi à la notion de causalité telle qu’on l’entend habituellement, et à l’idée du monde et de la place du sujet au sein de celui-ci. Jung tentera de comprendre ce phénomène en dialoguant, notamment, avec Wolfgang Pauli, un physicien aux prises avec des paradoxes semblables à l’échelle subatomique, ainsi qu’en étudiant de nombreuses pratiques traditionnelles transcendant également le principe de causalité.

Signes et guidance
Ainsi, en moins d’un siècle, de très nombreux auteurs, thérapeutes et chercheurs ont décrit et analysé des myriades d’expériences synchronistiques plus ou moins remarquables. Certains de ces témoignages, particulièrement puissants dans leur improbabilité et dans leurs conséquences, décrivent des cascades de coïncidences significatives qui ont radicalement changé la vie de celles et ceux les ayant vécus.

D’après les recherches du physicien Philippe Guillemant, il semblerait que les synchronicités les plus improbables tendent à se produire dans certaines circonstances particulières de la vie où une transformation à la fois psychique et matérielle est à l’oeuvre. Une situation instable pouvant conduire le sujet à changer radicalement sa vie. La synchronicité semble alors jouer un rôle de ‘guidance’ dans ce processus de changement. Au contraire, les personnes ayant une vie bien réglée par des habitudes ont moins de chances d’en vivre. C’est pourquoi il s’agit d’un phénomène difficile à contrôler et qui rend plus difficile l’investigation rationnelle.

Philippe Guillemant souligne que : « La pensée rationnelle dominante ne peut d’ailleurs répondre aux synchronicités qu’en invoquant le hasard ou la subjectivité de l’observateur, mais cela n’explique pas la caractéristique essentielle de ces phénomènes qui provient moins de leur subjectivité que de leur forte improbabilité. Le fait de mettre systématiquement cette improbabilité sur le compte du hasard lui-même en prétendant qu’il n’y a aucune autre explication à rechercher, provient au mieux d’une méconnaissance des lois de la statistique, au pire d’une foi aveugle dans le caractère abouti d’une science qui reposerait exclusivement sur la causalité. Bien qu’il soit juste et sain d’invoquer en première hypothèse le hasard face à de tels phénomènes, il devient obscurantiste de maintenir envers et contre tout cette hypothèse en présence de cas où elle ne résiste pas au calcul des probabilités. »



Des alternatives au hasard
Depuis des décennies maintenant, de nombreux auteurs ont cherché à trouver d’autres explications et ont proposé différentes théories alternatives au hasard. Elles s’intéressent toutes à la compréhension de l’ordre sous-jacent au Réel qui semble présider à ces manifestations, citons : la « Théorie de l’Acausalité » de C.G. Jung et W.E. Pauli en 1952 (l’inconscient collectif et sa manifestation non causale) ; la « Théorie de l’Ordre Implicite » de David Bohm en 1980 (la réalité s’implie ou se déplie comme un hologramme) ; la « Théorie des Champs Morphiques » de Rupert Sheldrake en 1988 (concept de causalité informative) ; la « Théorie de l’Ordre Caché » de David Peat en 1989 (synchronicité et mécanique quantique) ; la « Théorie des Hasards Nécessaires » de Jean-François Vezina en 2001 (synchronicité relationnelle) ; la « Théorie du Champ Akashique » d’Ervin Laszlo en 2004 (champ d’informations implicite à la manifestation du réel) ; la « Théorie de la Psyché Quantique » de François Martin en 2005 (synchronicité et intrication quantique du psychisme) ou encore la « Théorie de la Double Causalité » de Philippe Guillemant en 2009 (déterminisme inversé, rétro-causalité et libre arbitre).

Cette dernière, la « Théorie de la Double Causalité », est très intéressante à bien des égards. Alors que pour la physique classique le futur existe déjà mais est totalement figé, dans le modèle du physicien Philippe Guillemant l’espace-temps est flexible. Ceci permet à une infinité de futurs potentiels de coexister, assortis de différentes probabilités de réalisation.
Ces futurs potentiels sont tous superposés ici et maintenant, comme c’est d’ailleurs le cas pour tous les éléments du monde quantique. Ainsi, les mathématiques et la physique démontrent non seulement qu’il n’y a pas de passé ni de futur unique, mais que la ‘flèche du temps’ n’avance pas inéluctablement du passé vers le futur de façon linéaire. En d’autres termes, rien n’interdit la ‘causalité inversée’ ou ‘rétro-causalité’, c’està- dire la possibilité qu’une cause future ait un effet sur le passé. Il est donc possible de se ‘souvenir du futur’, ce qui expliquerait de nombreux phénomènes de précognitions médiumniques.
D’ailleurs, pour plusieurs scientifi ques ouverts, ces phénomènes se produisent tout le temps à notre insu. Les futurs potentiels informent sans cesse notre présent, que cela soit en fonction de l’inconscient personnel et collectif, des intentions que nous nourrissons au présent ou d’autres causes et ‘rétrocauses’ encore à découvrir.

Un pas plus loin…
« Il n’y a pas de passé ou de futur unique. Si l’on veut réconcilier la relativité d’Einstein avec la mécanique quantique, l’on s’aperçoit que le paramètre temps n’existe pas. L’univers est une collection d’instantanés qui ne sont pas en communication les uns avec les autres. Ce sont des mondes à eux seuls. Notre cerveau assemble ces arrêts sur image et les repasse dans notre esprit de la même manière que des photographies passées à 24 images par seconde font que nous avons l’impression que les images que nous voyons sont en mouvement. Mais rien ne bouge. Ce qu’on appelle le temps est une illusion. L’univers quantique est statique. Rien ne change. Tous ces instantanés de l’univers existent simultanément. (…) L’instant n’est pas dans le temps, c’est le temps qui est dans l’instant. »
[Carlo Rovelli, physicien théoricien et philosophe des sciences]

Des signes en provenance du futur ?
Dans leur excellent ouvrage « Se souvenir du futur », Romuald Leterrier et Jocelin Morisson explorent la « Théorie de la Double Causalité ». Ils y expliquent que les synchronicités émergent dans notre présent pour créer des sortes d’« aiguillages temporels ». Imaginons un organigramme des futurs possibles à l’image d’un arbre (un nouvel embranchement est créé à chaque choix). Pour qu’une intention puisse se réaliser un jour ‘dans notre présent’, il doit obligatoirement se créer diverses bifurcations des lignes temporelles pour permettre à cette intention de se manifester. On pourrait aussi dire que parmi toutes les possibilités offertes par ces ‘bifurcations des lignes temporelles’, celles qui augmentent la probabilité de voir se réaliser un futur qui inclut notre intention originelle, auront tendance à se manifester de plus en plus dans notre vie. Les synchronicités seraient donc des manifestations rétro-causales, en provenance de futurs probables, pour nous montrer que nous sommes sur la ‘bonne voie’.



Des chercheurs ont également mis en évidence une particularité des événements synchronistiques qui se présentent souvent sous la forme d’une « onde de synchronicité ». Cette dernière opère à l’image d’un tremblement de terre : une première onde majeure est suivie de répliques mineures. Dans le cadre de synchronicités hautement signifi antes, on peut souvent observer une première coïncidence majeure suivie d’échos mineurs qui forment l’« onde de synchronicité ».

Chamanisme et état « synchrone »
Cette nouvelle hypothèse de la rétro-causalité des synchronicités est à mettre en parallèle avec la vision chamanique ancestrale. En effet, pour les chamans, quelles que soient leurs traditions, la visite des lieux de pouvoirs, des mondes et infra-mondes, ne correspond pas nécessairement à des voyages en des points précis de l’espace visible ou invisible. Ils peuvent aussi être vécus comme des passages entre les mailles de l’espace et du temps : des visites d’autres lignes temporelles, d’autres futurs déjà réalisés, au sein desquels le chaman reçoit des informations utiles pour le présent de sa communauté ou d’un individu. Ces informations peuvent ensuite orienter certains choix pour faire en sorte de rejoindre le futur entre-aperçu ou, au contraire, s’en éloigner s’il est de mauvais augure.

Certains chamans rejoignent même la vision des grands sages réalisés qui affirment que tout est synchronicité. La Réalité étant une unité indivisible, le vécu intérieur (psychique) d’un individu est impossible à séparer de la manifestation extérieure (physique). Cette séparation apparente est une interprétation mentale et conceptuelle du Réel. Ainsi, la Vie parle à la Vie de façon ininterrompue à l’image d’un déploiement holographique fractal infini. Et en filigrane de la manifestation, tout est synchronicité.

Lorsque nous accédons à l’état ‘synchrone’, qui est l’état naturel de tout être humain, nous activons notre capacité à nous mettre en résonance avec le langage de la Vie ellemême. Etant synchronisé, il est normal que les synchronicités affluent.

Une des clefs pour y accéder est de se libérer des concepts, peurs et croyances limitantes en osant vivre en chute libre dans l’ici et maintenant.



Un futur sombre… vraiment ?
Ainsi, face au grand théâtre du monde — dérèglement climatique, extinction de masse des espèces, montée des inégalités et des régimes autoritaires, déploiement de technologies inutiles et dangereuses, dictature sanitaire contrôlée par Big Pharma, croissance aveugle et capitalisme désuet — il nous arrive de vivre un profond sentiment de découragement, voire d’impuissance. Nous avons l’impression que nous nous dirigeons inéluctablement vers un futur dystopique qui, malgré nous, semble se déployer sous nos yeux… Pourtant, c’est nous qui l’entretenons en continuant à ressasser les nouvelles anxiogènes et en gardant les yeux rivés sur ce qui s’effondre et nous emprisonne… Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que l’avenir se modèle à l’image du passé !

Et si, à la lumière de la nouvelle compréhension du temps et des travaux innovants sur la rétro-causalité, nous étions en train de nous ‘souvenir du futur’ que nous ne voulons pas voir advenir ? Et si, justement, les crises étaient le signe de la fin de cet ‘ancien futur’ dont l’écho semble encore nous entraîner dans son sillage ? Et si, rien n’était déjà figé ou écrit ? Il suffirait alors de nourrir de nouvelles intentions positives, créatives et constructives pour créer de nouveaux ‘aiguillages temporels’ et manifester un futur désirable pour tous.

Olivier Desurmont

Références :
• « Se souvenir du futur » de R. Leterrier & J. Morisson chez Trédaniel
• « Synchronicité » de M. Teodorani chez Macro
• « La route du temps. Théorie de la double causalité » de P. Guillemant chez JMG
• « La magie des synchronicités » de F. Dorn chez Jouvence
• guillemant.net
• Wikipédia.



Paru dans l'Agenda Plus N° 321 de Octobre 2020
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