Vins bio et biodynamiques
Une gorgée de nature
Il y a quelques années
encore, les vins bio et
biodynamiques jouissaient
d’une image négative
dépourvue de bon goût.
Heureusement le monde est
en évolution constante et
aujourd’hui ils ont leur place
parmi les meilleurs vins.
A défaut de dégustation voici
quelques explications...
Pour faire un vin «bio» de qualité, il faut d’abord aimer ses pieds de vignes, c’est-à-dire les écouter, les respecter et surtout être à la recherche de l’équilibre et de l’harmonie. Le vigneron s’engage à n’utiliser aucun produit de synthèse : pesticides, insecticides, fongicides. Dans ce sens, la vigne est traitée avec des produits d’origine naturelle pour qu’elle se défende par elle-même et utilise au mieux les ressources de son environnement. Par exemple les tisanes d’orties stimulent et régulent la croissance de la plante, renforçant ainsi ses défenses naturelles. Les tisanes de prêle protègent des maladies, notamment le mildiou. Du côté des fumures, uniquement celles organiques et d’origine bio sont autorisées. En résumé, la difficulté majeure à laquelle les domaines bio doivent faire face est de créer et de maintenir un environnement naturel favorable au bon développement de la vigne. Le résultat de ces efforts est l’obtention de raisins parfaitement sains au potentiel optimal pour conduire à des vins équilibrés et digestes.
Le sujet du vin bio est plus complexe qu’il en a l’air. Le vin bio n’existe pas !
C’est le raisin uniquement qui est certifié issu de l’agriculture biologique. Le mode de culture est donc contrôlé mais pas les vinifications. A la cave, tout est permis ! La législation européenne est inexistante. Pourquoi ? tout simplement par manque de vision commune. La mise au point d’un cahier des charges a été arrêtée par le manque de consensus concernant la dose de soufre [sulfites, SO2] à autoriser. heureusement, dans le concret, un vigneron qui cultive patiemment des vignes en culture bio, par respect de la nature et de l’homme, ne va pas détruire son futur breuvage en y ajoutant un des innombrables produits chimiques existants.
Le contrôle bio est double, c’est-à-dire qu’il se porte sur l’origine des produits utilisés, qui doivent être bio et sur un prélèvement de feuilles dans les parcelles de la vigne afin de détecter la présence éventuelle de produits chimiques. heureux constat, la demande pour le vin bio est croissante et l’on fait souvent de belles découvertes. Il est proposé chez les marchands de vins, les magasins bio et certaines grandes surfaces. L’argument premier des consommateurs étant la santé, ils acceptent facilement que le vin présente un dépôt naturel et parfois une moindre limpidité.
Le vin «biodynamique»
L’objectif premier de la biodynamie est de resituer le vigneron au centre de son vignoble et de créer une entité quasi autonome. La vigne doit retrouver sa connexion avec la terre, l’air et la lumière. La lune et les constellations jouent un rôle majeur dans cette discipline qui suit les principes établis par Rudolf Steiner en 1924. un calendrier lunaire est édité chaque année. Pour cette raison ésotérique, les premiers vignerons qui se sont lancés dans l’aventure étaient vus comme des marginaux assez loufoques ! Les vins issus des domaines en biodynamie sont bio mais aussi dynamiques. Deux traitements de base sont incontournables, complémentaires et indissociables : l’utilisation de la bouse de corne et de la silice.
La bouse de corne :
De la bouse de vache est introduite dans une corne de vache qui est ensuite enterrée verticalement dans la terre pendant tout l’hiver. La symbolique de la corne est importante car ce sont les cornes, pointées vers le ciel, qui relient l’animal à l’énergie stellaire. on déterre la corne au printemps. Le produit obtenu, la «bouse de corne» ressemble à de la pâte à modeler, sent la terre, est très riche en énergie et contient des milliards de micro-organismes. Elle est ensuite mélangée dans une vasque à de l’eau chauffée à 35°C pour la dynamiser. Cela peut se faire à la main ou avec un dynamiseur électrique. on fait tourner le mélange dans un sens afin de créer le vortex puis dans l’autre et ainsi de suite pendant une heure. L’énergie, l’«information», va ainsi être transmise à l’eau. L’eau est ensuite pulvérisée sur les vignes à raison de 35 à 40 litres par hectare [correspondant à 100 g de bouse de corne] contre plus d’une centaine de litres en moyenne pour la culture conventionnelle. L’idéal est de pulvériser une fois au printemps et une fois en automne pour redynamiser les sols. Le résultat sera meilleur avec une lune descendante qui tire l’énergie vers le bas.
La Silice de corne :
La silice est un des constituants principaux de l’écorce terrestre. Appliquée à la vigne, elle sert à favoriser l’absorption de l’énergie lumineuse, améliorant ainsi la photosynthèse ; accroître la qualité et la résistance de l’épiderme des feuilles, renforcer l’immunité de la plante. Comme pour la bouse de corne, la silice broyée est dynamisée afin de libérer son impulsion, et puis pulvérisée à raison de 2 à 4 gr par hectare dans 35 à 50 litres d’eau, le matin au soleil levant et en présence d’une légère humidité. Elle sera stockée dans un pot en verre, toujours dans un endroit lumineux. Son utilisation va surtout dépendre de l’ensoleillement du terroir, mais il faut au moins deux applications de silices au printemps juste avant la floraison.
C’est surtout au niveau du sol que se voit la différence entre une vigne «traditionnelle » et une «biodynamique». La terre n’est plus un support mais un vrai milieu regorgeant de vie et de force. Si la biodynamie semble compliquée, elle ne l’est pas réellement. Ses principes sont pleins de bon sens mais cela demande un réel investissement du vigneron. L’homme étant au centre de la relation à la vigne, il faut avant tout qu’il y croît. Son degré d’implication sera aussi essentiel que sa technique. Les puristes iront très loin dans l’application des principes ésotériques, d’autres s’en tiendront au minimum. Mais l’important, c’est que chacun fasse comme il le sent. La personnalité du viticulteur et du terroir se retrouvera dans la bouteille.
Santé !
Vanessa Jansen
Merci à Hervé Chabert, oenologue, conseil dans le Languedoc. Tél : +33 6 07 99 98 27 & Pascal Courel, importateur de vins, www.wine-not.be. Bus et dégustés : Domaine Ribiera, Domaine d’Emile et Rose.