La Méditation vers la lucidité silencieuse
La méditation est une pratique spirituelle menant à la paix intérieure, à la vacuité de l’esprit et à l’unification à notre nature véritable... Tour d’horizon.
Le terme méditation, du latin meditatio, désigne une forme de pratique spirituelle. Même si ce terme est souvent utilisé pour décrire l’attention portée sur un objet de pensée [par exemple : méditer un principe philosophique dans le but d’en approfondir le sens], son objectif premier est avant tout une attention tournée vers l’intérieur afin de s’affranchir de la pensée et réaliser son «identité spirituelle».
Les différentes pratiques méditatives impliquent généralement que l’adepte amène son attention sur un seul point de référence qui sera, tôt ou tard, abandonné pour seulement «laisser la conscience observer la conscience».
Les pratiques méditatives se retrouvent au cœur de nombreuses philosophies et religions : dans l’hindouisme, le bouddhisme, le taoïsme, le yoga, l’islam, la chrétienté, ainsi que d’autres formes plus récentes de spiritualité.
Les techniques de méditation sont multiples. Elles peuvent cependant être classées selon leur foyer d’attention : une zone corporelle spécifique ou le déplacement d’une zone à une autre, une perception précise, un objet spécifique pré-sélectionné profane ou religieux, le nom d’une déité ou d’un concept inspirant la paix, le souffle, un son, une incantation ou un mantra, une visualisation, le vide de tout concept ou vacuité,…
Dans l’hindouisme
Il y a plusieurs types de méditation décrites dans l’hindouisme, citons les deux principaux courants :
- le Védanta, dans lequel le Jñâna-Yoga a pour méthode principale l’investigation du Soi [le célèbre « Qui suis-je ? »] afin de retourner à la source des pensées jusqu’à notre Réalité transcendante ;
- le Yoga, dans lequel la méditation [dhyâna] est recommandée pour calmer les fluctuations du mental. Elle est l’avant dernière des 8 phases développée dans les Yoga-Sûtra de Patañjali : elle se place après la concentration [dhâranâ, fixation de l’esprit sur un seul point] et avant la contemplation [samâdhi, état d’union avec l’Être ou d’absorption dans l’Absolu].
Dans les pratiques hindouistes, il existe de nombreuses propositions de méditation avec support : observer la lumière qui pénètre par le sommet de la tête [chakra coronal] et s’identifier à cette lumière, écouter l’infrason dans l’oreille interne [nâda], parcourir l’intérieur du corps par la sensation, rester dans une posture spécifique avec une position de main codifiée [mudrâ], etc…
Pour que le mental parvienne au calme, au détachement des désirs du monde et cesse de vagabonder, le pratiquant évoluera vers la méditation sans support. Bien que certains adeptes s’y adonnent dès le commencement de leur quête, la méditation sans support est une voie évidemment plus abrupte que celle avec support. Il s’agit ici de développer l’état de présence afin de rester totalement conscient dans l’ici et maintenant et disponible à l’épanouissement spontané du silence intérieur.
Dans le bouddhisme
La méditation a toujours été centrale au bouddhisme. Le Bouddha historique a d’ailleurs obtenu son éveil spirituel par la méditation. La plupart des formes de bouddhisme distinguent deux classes de pratiques pour atteindre l’illumination :
- Samatha, ou tranquillité, qui développe la capacité de focaliser l’attention en un seul point ;
- Vipassana, ou vision supérieure, vue pénétrante, qui développe la perspicacité et la sagesse en dévoilant la vraie nature de la réalité.
Le but ultime de la méditation bouddhique est l’atteinte du nirvâna. Ce terme est au-delà de toute description et ne peut être défini que comme la fin de toutes formes d’ignorance.
Dans le zen
Le zen est une forme de bouddhisme mahâyâna qui insiste davantage sur la méditation et particulièrement sur la posture/pratique dite de zazen. Pour ses adeptes, la pratique elle-même est déjà réalisation, pratique et éveil sont comme la paume et le dos de la main. Pour le zen, il suffit de s’asseoir, immobile et silencieux, pour s’harmoniser avec l’illumination du Bouddha…
Dans la Chrétienté
Chez les moines orthodoxes l’hésychasme ou «prière du cœur» est une prière silencieuse invoquant le nom de Jésus au rythme de la respiration. Par son rapport au corps, il est l’équivalent chrétien de certaines techniques de méditations orientales.
Dans l’Islam
Il existe deux concepts de méditation dans l’Islam :
- le premier, issu du Coran, est appelé taffakur, c’est-à-dire la réflexion sur les sourates ou la contemplation de la Création ;
- l’autre, développé par les Soufis, est une pratique mystique appelée Mouraqaba ou «exercice de vigilance» : l’adepte, en assise et les yeux fermés, concentre son attention sur un point unique. Ce point est généralement la visualisation du Cheikh, le maître soufi, qui est considéré comme un pont entre le monde de l’illusion et celui de la réalité.
La méditation transcendantale
La méditation transcendantale est une technique de relaxation et un mouvement spirituel fondé à la fin des années ‘50 par Maharishi Mahesh Yogi. Elle est présentée comme une «technique de relaxation profonde et de développement de la conscience». Elle se pratique quotidiennement, lors de séances de 15 à 20 minutes durant lesquelles le pratiquant répète mentalement un mantra, c’est-à-dire un mot qui est théoriquement intime et adapté à sa personnalité. Au fur et à mesure de la séance, le mantra doit s’estomper pour laisser l’esprit aller naturellement à la source de sa conscience propre. Cette expérience est unique et personnelle. Le mantra est révélé par l’instructeur après une brève cérémonie.
Lucidité silencieuse sans support
Dans la spiritualité contemporaine, comme par exemple dans les enseignements de Krishnamurti, Jean Klein ou, plus récemment, Eckhart Tolle, le terme de méditation désigne un état de lucidité silencieuse sans support, une vigilance où les constructions mentales sont absentes. Ces enseignants donnent ainsi quelques directions de méditation :
- l’attention vide de toute attente, de toute anticipation ; en quelque sorte, une attention innocente, notre tranquillité naturelle ;
- l’observation ouverte, sans jugement, sans comparaison ni interprétation ; nous ne pouvons l’objectiver ;
- la liberté : la compréhension se situe habituellement dans notre tête, mais «être» la pure compréhension n’a plus rien à voir avec la tête, c’est une perception globale transcendante.
Recherches scientifiques
Certains psychothérapeutes ou scientifiques tel que Jon Kabat-Zinn s’intéressent à la méditation dans ces applications psychothérapeutiques, comme par exemple : la MBSR [réduction du stress par la pleine conscience] ou la MBCT [thérapie cognitive par la pleine conscience].
La psychothérapie cognitivo-comportementale propose ainsi aux personnes souffrant de ruminations mentales, de stress ou d’anxiété, une forme de méditation qui se rapproche du zazen, mais dont les éléments «spirituels» ont été supprimés. Cette technique augmenterait le bien-être, la bonne humeur, la capacité à «faire face» et améliorerait le sommeil. La MBCT réduirait en outre le risque de rechute dépressive. Certaines études* prouveraient également l’efficacité de la méditation en complément d’un traitement médical classique dans la guérison de maladies : diminution des douleurs chroniques, amélioration des défenses immunitaires et des effets du traitement thérapeutique classique dans les cas de cancer, de troubles gastriques et intestinaux ou même de fibromyalgie et de sida.
Dans le cadre des recherches scientifiques ou philosophiques sur la nature de la conscience, certains auteurs défendent l’importance de la méditation comme pratique introspective, à travers laquelle le chercheur peut observer son propre flux de pensées et acquérir un savoir autrement inaccessible. Le Dr. Susan Blackmore défend par exemple la thèse, sur base de sa propre pratique du zazen et de ses recherches scientifiques, selon laquelle la conscience et les perceptions humaines seraient pure illusion.
Selon David Orme Johnson, directeur de la faculté de psychologie à l’Université Internationale Maharishi, des études scientifiques ont été publiées sur la Méditation Transcendantale et le programme TM-Sidhi, dans plus de 160 revues scientifiques.
D’autres études médicales spécifiques ont également été réalisées afin de déterminer si certaines pratiques méditatives pouvaient être associées à la psychothérapie. Dans la majorité des cas, les conclusions étaient positives, sous réserve que les objectifs de la thérapie soient bien sûr en accord avec les effets de la méditation proposée...
Olivier Desurmont
* 4 études rigoureuses tirées de «Journal of Behavioral Medicine», «Psychosomatic Medicine», «General Hospital Psychiatry» & «Brain, Behavior, and immunity».
Références : «La méditation bouddhique» de Jean-Pierre Schnetzler chez Albin Michel, «La Vision profonde : De la Pleine Conscience à la contemplation intérieure» de Thich Nhat Hanh chez Albin Michel, «Le livre de la méditation et de la vie» de Krishnamurti, Livre de poche, «Approches de la méditation» d’Arnaud Desjardins, La Table Ronde et Wikipedia.
- Voir également la rubrique «à méditer» en p.7, la rubrique «Méditation» de l’agenda des activités et celle de l’ANNUAIRE Plus -