L’Audio-Psycho-Phonologie
rééduquer l’oreille, affiner l’écoute
L’Audio-Psycho-Phonologie trouve son origine dans la méthode de rééducation de l’oreille, développée par le Professeur Alfred A. Tomatis. Voyage au pays de l’écoute…
Sons, musiques, voix sont intimement liés et dépendent d’une faculté unique : l’écoute. Ainsi, grâce au réceptacle qu’est l’oreille, l’être humain perçoit la musicalité du monde et cartographie l’espace sonore où il peut se déplacer et s’exprimer. Les recherches effectuées ces dernières décennies sur la vie foetale soulignent la présence chez le foetus d’une vie psychique et sensorielle très intense. C’est, en effet, au cours des 9 mois de notre vie intra-utérine que nous emmagasinons la plus grande partie de nos expériences humaines, celles qui tisseront la trame de notre parcours existentiel sur Terre.
L’écoute intervient très tôt dans notre vie foetale : quelques mois avant la naissance, nous entendons déjà par l’intermédiaire de notre corps relié à celui de notre mère ! Nous sommes ainsi réceptifs aux joies, aux rires, aux chants, à la voix maternelle, mais également à ses peines, ses colères et tumultes intérieurs.
Durant toutes les phases de notre développement, nos oreilles «captent» le monde environnant et entrent en résonance avec toutes les sensations qui se manifestent avant l’accouchement.
Naissance de l’APP
L’importance de l’oreille et de l’écoute n’échappent pas au Professeur Alfred A. tomatis, médecin oto-rhino-laryngologue spécialiste des troubles de l’audition et du langage, qui, dès 1947, les étudie et découvre plusieurs lois fondamentales, connues sous le nom d’Effet Tomatis : la voix ne contient que ce que l’oreille entend ; en rééduquant une oreille traumatisée, l’émission phonatoire est rétablie de façon permanente. En 1957, l’Audio-Psycho-Phonologie [APP] était née. Centrée sur les relations entre l’oreille et la voix, ainsi que l’oreille et le psychisme, l’APP élargit le champ classique d’exploration de l’oreille. Elle insiste sur le rôle capital que joue l’oreille dans le fonctionnement de l’être humain, en lui servant non seulement à entendre, mais aussi à lire, écrire, bouger, parler, penser, se concentrer, bref... à vivre !
Des fonctions essentielles
L’oreille a un rôle capital. Si la faculté d’écoute est dysfonctionnelle, l’oreille ne peut plus assurer ses différentes fonctions : de charge [entraînant un manque d’énergie et de motivation], d’équilibre [entraînant un mauvais contrôle du corps et de la posture] et d’écoute [entraînant des difficultés de contrôle du langage et de la voix, une baisse de mémoire et de concentration, des difficultés de lecture, d’écriture et d’apprentissage].
Selon Alfred A. tomatis, l’oreille droite est la plus importante, c’est elle qui permet de «tendre l’oreille», de viser les sons et de les restituer avec facilité. En effet, pour des raisons anatomiques et neurologiques, l’oreille droite est la plus proche de nos organes de phonation, celle dont l’utilisation demande le moins d’efforts.
Les deux oreilles ont donc des fonctions différentes : la droite vise un son précis, la gauche donne un panorama d’ensemble de l’environnement sonore.
La latéralisation s’élabore dès le jeune âge avec l’apparition du langage. toute difficulté de latéralisation appauvrit la restitution sonore, tant sur le plan de l’émission vocale parlée ou chantée, que dans le jeu instrumental.
Une oreille… électronique Concrètement, lors d’une séance-type d’APP, l’oreille est soumise à des séances d’écoute de sons filtrés. La musique de Mozart est utilisée pour obtenir le meilleur des sons, ils passent par un appareil appelé «l’oreille électronique» pour y subir un filtrage à bascule qui oblige l’oreille à s’adapter, c’est cette gymnastique qui permet la rééducation de l’écoute et du langage. Pour la rééducation des enfants, le même principe est utilisé avec la voix maternelle en plus, filtrée également, afin de recréer la période pré- et post-natale.
Ainsi, le rôle de l’oreille électronique est précisément de redonner aux muscles auditifs leur pleine capacité de fonctionnement afin de lever ces mécanismes d’inhibition et de réactiver un plein potentiel d’écoute.
Les domaines d’application
A la suite d’un premier test d’écoute, il est proposé un ensemble de séances de travail audio-vocal qui peuvent s’appliquer dans les domaines suivants :
- l’écoute : amélioration de l’attention, de la concentration, du raisonnement, de la compréhension, de la mémorisation, de la capacité de discrimination des sons ;
- l’expression : meilleure communication, amélioration du timbre vocal, de la diction ;
- l’apprentissage : développement du langage, de la lecture, facilitation d’apprentissage des langues, rééducation des dyslexies,... ;
- le comportement : timidité, susceptibilité, fatigue, dépression, stress, agitation... ;
- les relations : parents-enfants, enfants-parents, relation à soi-même [confiance en soi, auto-jugement], la relation aux autres ;
- la santé : développement de l’écoute du corps dans les cas d’acouphènes, de vertiges,... ;
- l’évolution personnelle : développement de la créativité, de l’autonomie.
Il existe plus de 200 centres tomatis dans le monde et de nombreux praticiens, regroupés en associations professionnelles, proposent cet accompagnement avec succès. A bon «entendeur»...
Olivier Desurmont
Références : «L’oreille et la vie», «L’oreille et la voix» d’A. Tomatis chez R. Laffont, «Les troubles scolaires », d’A. Tomatis chez Presse Pocket, www.audiopsychophono. be et www.tomatisassociation.org
- voir la rubrique «Audio-Psycho- Phonologie» dans l’ANNUAIRE Plus éd. 2010 et sur ce site -