Zen. La voie du recueillement parfait.
Le mot « Zen » est la romanisation
de la prononciation japonaise
d’un caractère chinois signifiant
« méditation silencieuse »
Il provient à l’origine du sanskrit
« dhyana » qui peut être traduit
par « recueillement parfait ».
Aux sources du Zen
Le Zen est une école du Bouddhisme Mahayana, mais c’est d’abord et avant tout une pratique transmise sans interruption de maître à disciple et qui remonte à Siddhartha Gautama — le Bouddha (“l’Eveillé” en sanskrit) — ayant vécu il y a 2.500 ans au nord de l’Inde. La légende à l’origine de la tradition Zen et de la lignée de ses maîtres, raconte que pour tenter d'expliquer un point de son enseignement à ses disciples, le Bouddha se contenta de cueillir silencieusement une fleur d'udumbara. Aucun des disciples n'aurait compris le message qu'il tentait de faire passer, à l'exception de Mahakashyapa, qui aurait simplement souri au Bouddha. Ce dernier aurait alors dit devant l’assemblée qu'il lui avait ainsi transmis son trésor spirituel le plus précieux.
On décèle ici une préfiguration de l’essence du Zen : un enseignement vivant, sans écrit, qui touche directement l’esprit pour révéler notre nature véritable.
Après Mahakashyapa, les « patriarches du Zen » continuèrent la transmission partout en Orient. Bodhidharma, le 28ème patriarche, serait venu en Chine autour de l’année 520.
Du VIème au XIIIème siècle, le bouddhisme Zen se diffusa de Chine vers le Japon, par vagues successives. C’est au XIIIème siècle que le célébre moine õgen y enseigna le zen Sõtõ et le moine Eisai, le zen Rinzai. Ces deux écoles constituent encore aujourd’hui le paysage du Zen japonais. On peut dire sommairement que le Zen Sõtõ insiste davantage sur la pratique de zazen (méditation en assise) alors que le Zen Rinzai fait une large place aux « kõan » (voir encadré), petits paradoxes à visée pédagogique dont la compréhension intellectuelle est impossible mais relève de l’intuition.
Le courant Zen et la pratique du zazen eurent beaucoup de succès au Japon et s'accompagnèrent du développement par les moines de plusieurs arts et techniques, soit directement importés de Chine, soit créés localement en intégrant des éléments du nord de la Chine et de la Corée. On peut citer comme exemples la voie du thé ou l'esthétique simple et minimaliste des arts imprégnés du Zen. Le Zen japonais fut aussi fortement influencé par le taoïsme dont on retrouve certains symboles et notions.
Le goût du miel
Avoir une vision intellectuelle du Zen ne fait que fixer celui-ci dans un cadre spatio-temporel qui affaiblit son sens profond en tant que voie pratique axée sur l'expérience vécue. Définir le Zen, c’est comme tenter de décrire le goût du miel à quelqu’un qui n’y a jamais goûté : nous pouvons expliquer, avec l’usage des mots, la texture et l'odeur du miel, nous pouvons le comparer à d’autres aliments. Toutefois, le miel, c’est le miel et son expérience est unique ! Tant que nous n’y avons pas goûté, nous sommes dans l’illusion de ce qu’est le miel. Il en va de même avec le Bouddhisme Zen car celui-ci est avant tout une pratique qui doit être vécue. Le Zen n’est pas un concept que nous pouvons comprendre mentalement. C’est souvent l’erreur des Occidentaux qui croient pouvoir tout analyser, décortiquer et comprendre intellectuellement. Le Zen ne se comprend pas, il se vit.
L’approche du Zen consiste à vivre dans le présent, dans l’« ici et maintenant », sans espoir, ni regret, ni crainte. Ainsi, toute orientation vers le futur (espoir) ou vers le passé (regret) se dissout, tout comme la peur (crainte) qui crée une distance entre le Réel et Soi.
C’est donc une voie de vigilance et de connaissance de soi, qui se pratique à la fois dans la posture de méditation assise (zazen) et dans tous les aspects de la vie quotidienne. C’est l'expérience de la vie réelle, à chaque instant, ici et maintenant.
Ici et maintenant
La pratique de la méditation en assise — zazen — aide au retour dans l’ici et maintenant et, ultimement, permet de parvenir au « satori », à l’éveil. Dans le Zen, la pratique elle-même est la réalisation recherchée ; pratique et éveil sont comme la paume et le dos de la main. Il suffit de s’asseoir immobile et silencieux pour s’harmoniser avec l’état d’illumination qui est déjà là. Il n’y a nulle part d’autre où aller. Le but est le point de départ… Néanmoins, selon le bouddhisme Zen, même l'éveil ne saurait être un but en soi. Zazen doit être sans but, il aide à la reconnaissance de sa vraie nature. C’est un dévoilement, un retour à l’évidence de ce-qui-est-déjàlà. C’est réaliser que « ce qui est conscient d’être conscient », en amont de soi, a toujours été présent et le sera toujours, avec ou sans la présence d’un « moi ».
Le « satori » est la réalisation que cet espace infiniment ouvert, sans commencement ni fin, est notre vraie nature, commune à tous les êtres et simultanément Une.
Le Zen n’est donc ni une théorie, ni une philosophie, ni une connaissance que l’on acquiert. Ce n'est pas non plus une croyance, un dogme ou une religion, mais une expérience pratique et vivante. Il est impossible de le saisir intellectuellement, parce que l’intelligence humaine ne peut simplement pas y accéder. Comment le limité pourrait-il concevoir l’illimité ?
Le Zen n'est pas non plus un enseignement moral et ne requiert pas de croire en quoi que ce soit. Une véritable voie spirituelle n’enseigne d’ailleurs pas aux individus en quoi croire mais leur montre plutôt comment aller au-delà du mental, au-delà de ce qu’ils croient être, pour découvrir la vérité par eux-mêmes.
En fait, le Zen est très simple, si simple qu’il en devient impossible à « saisir ». Et c’est justement lorsque le lâcher-prise de toute saisie se produit que son essence peut se révèler…
Olivier Desurmont
RÉFÉRENCES :
• « Petit éloge du zen » de S. Raizer chez Gallimard
• « 30 enseignements zen des maitres du thé - Pour changer votre perception du monde » de N. Chauvat chez Jouvence
• « Le zen dans l’art chevaleresque du tir à l’arc » de E. Herrigel chez Dervy
• bouddhisme-zen.com