Enseignons la pleine conscience aux enfants !
La pleine conscience est cet « art de vivre » qui nous invite à être plus présent à ce que l’on vit et à ce que l’on ressent pour vivre de manière plus apaisée et harmonieuse. Cette façon d’être présent à soi et à notre entourage s’apprend. Si cet apprentissage s’apprend dès le plus jeune âge, c’est cadeau pour les parents et les enfants ainsi que pour les générations futures ! Voici quelques bonnes raisons d’apprendre la pleine conscience aux enfants.
Comprendre comment fonctionne leur cerveau
Dans les programmes de pleine conscience pour enfants, l’animateur/trice consacre du temps pour leur expliquer comment fonctionne leur cerveau et l’impact de ce fonctionnement sur leurs comportements et attitudes. Leur cerveau est le grand chef d’orchestre qui dirige le reste du corps. C’est par lui que passent toutes les informations. Il transmet ensuite ses « instructions » aux différentes parties du corps. Par exemple, « si j’ai trop couru, le cerveau reçoit l’information et transmet à mon corps de manifester « un point de côté » pour me signaler que je dois ralentir ou m’arrêter ».
L’enfant apprend aussi que lorsqu’il se met en colère, cela se manifeste depuis une partie de son cerveau appelé « le reptilien ». Celui-ci va l’inciter à crier, frapper, dires des méchancetés, jeter des objets au sol,... La pratique de la pleine conscience va lui apprendre qu’il peut aussi aller se connecter à une autre partie du cerveau qui l’aidera à s’apaiser. Comprendre le fonctionnement du cerveau est essentiel car l’enfant pourra mettre des explications sur certains comportements ou émotions qui lui paraissent très étranges. Plus l’enfant comprendra le mécanisme de ses émotions, plus il se sentira confiant sur sa capacité à mieux les vivre lorsqu’elles surviennent et plus il aura confiance en lui.
Développer leur capacité d’attention et de concentration
Un pilier des enseignements de la pleine conscience est l’attention. Dans les pratiques, l’enfant apprend à diriger son attention vers un objet et à remarquer quand son attention s’échappe. Par exemple, lorsque l’enfant pratique une méditation sur la respiration, il va apprendre à observer les sensations de sa respiration dans son corps. Cela demande une attention soutenue. Au début, il va remarquer que son attention s’échappe souvent. Plus il va pratiquer cet exercice, plus il va aiguiser sa capacité d’attention. Cela va l’aider dans les apprentissages mais également lorsqu’il devra être présent à l’autre, à ses émotions, à une activité qu’il pratique. C’est un entraînement : « plus je m’exerce à me focaliser sur une chose, plus je vais « muscler » ma capacité à rester attentif. » Cette aptitude est d’autant plus précieuse aujourd’hui que les enfants sont plongés dans un monde technologique, rempli de distracteurs de toutes sortes qui ne font qu’altérer leur capacité d’attention à long terme pour des attentions de courte durée.
Mieux vivre avec leurs émotions
En comprenant le mécanisme de survenue de ses émotions, l’enfant sera plus apte à les ressentir dans son corps, à observer les pensées qui y sont liées et à accueillir ce phénomène sans violence. Il comprendra que les émotions sont importantes et utiles, qu’elles nous renseignent sur la satisfaction de nos besoins mais qu’il n’est pas toujours bienvenu d’y réagir de façon automatique. Il apprendra qu’en prenant du temps pour laisser s’apaiser son émotion en s’isolant par exemple quelques instants, il pourra réfléchir à sa réponse la plus adaptée et pacifique dans le contexte donné.
Augmenter sa confiance en soi
En observant le mécanisme de survenue des émotions et en apprenant à s’adapter à celles-ci plutôt que de les subir, l’enfant va renforcer sa confiance en lui. Les philosophes de l’antiquité parlaient de sagesse en disant « Connais-toi toi-même ». La pleine conscience aide à mieux se connaître, à mieux se comprendre, à repérer quelle situation déclenche quelle émotion.
Pacifier ses relations
En apprenant également à observer sa météo intérieure - lorsqu’il ressent du soleil, de la pluie, de l’orage, du vent -... il découvrira que les autres enfants ont aussi leur météo intérieure et que parfois c’est la pluie ou l’orage chez l’autre, comme chez lui. Ensemble, ils développent alors de l’empathie, voire de la compassion, car ils comprennent que cela fonctionne chez les autres comme chez lui. S’il voit un enfant qui reste muet dans son coin, il comprendra que c’est peut-être parce qu’il a de la pluie comme météo. Il percevra que cet enfant se sent triste et aimerait, comme lui dans de telles situations, que quelqu’un le console, lui prête attention. Cette capacité à percevoir et comprendre ses propres émotions et celle des autres va l’amener à adopter des attitudes plus généreuses et altruistes. Le dalaï-lama nous dit : « si tous les enfants apprennent à méditer, en deux générations, il n’y aura plus de guerre ». Le propos qui précède illustre bien cette phrase.
Mieux gérer son stress
De nombreux enfants se sentent stressés et, pour certains, dès la petite enfance. Comme pour les émotions, la pleine conscience va l’aider à reconnaître les situations qui provoquent du stress et lui fournir des outils pour apaiser ce stress. Apprendre à se relier à sa respiration et à s’apaiser en l’observant n’est pas aussi simple qu’il n’y parait. En s’entraînant à pratiquer de courtes méditations dirigées sur la respiration, l’enfant va s’entraîner à s’apaiser, à se calmer, à réduire la sensation corporelle et mentale du stress.
Être plus libre
L’enfant, dès sa petite enfance, développe des mécanismes de défense par rapport à certaines situations d’insécurité qu’il vit à l’école, avec les copains, en famille, dans les mouvements de jeunesse,... Petit à petit, il « se conditionne » au travers de ces mécanismes qu’il met progressivement en place. Par exemple, une enfant harcelé à l’école va mettre en place des mécanismes de repli sur soi, de retrait du groupe. Ces attitudes de défense lui permettront de se mettre à l’abri de ces remarques blessantes mais à plus long terme, il risque de s’isoler et de passer à côté de nombreuses relations enrichissantes. Par la pleine conscience, il va apprendre à repérer lorsqu’il met en place de tels comportements et adopter avec l’aide d’un adulte responsable d’autres stratégies qui l’aideront à s’épanouir au sein du groupe.
De nouveaux bienfaits de cette pratique, qui s’apparente à un art de vivre, sont découverts chaque année par de nouvelles études scientifiques sur la santé physique et mentale.
Encourageons cette pratique à l’école dès le plus jeune âge et soutenons les initiatives des enseignants qui se donnent la peine de trouver de vrais solutions.
Sophie Raynal
Auteur de « je découvre la méditation » chez Nathan
www.pleine-conscience-enfants.be