Apithérapie : la santé par les abeilles

Présentes sur Terre depuis plus de 100 millions d’années, soit 20 fois plus "vieilles" que l’Homme, les abeilles, en plus d’assurer la pollinisation de près de 80% des plantes à fleurs, élaborent des substances auprès desquelles le génie pharmaceutique humain fait pâle figure. Petit survol….

Survol est bien le mot, tant la description des remèdes de la ruche appelle plutôt à la rédaction d’une encyclopédie ! A l’instar des grands singes qui s’en délectent encore aujourd’hui, il est probable que l’utilisation des produits apicoles tels que le miel remonte à l’aube de l’humanité. Trait d’union entre le végétal et l’homme, les abeilles ont été de tout temps intégrées à une relation profonde avec la Nature. Les richesses de la ruche telles que le miel, la propolis ou encore le pollen constituent une pharmacopée naturelle dont l’homme a su très tôt apprécier la valeur nutritive et thérapeutique. L’affaiblissement dramatique des essaims liés à l’utilisation des pesticides questionne sur la nécessité urgente de redécouvrir ce monde en soi afin d’y retrouver tout d’abord une source de santé mais surtout un émerveillement, prélude à sa préservation.

Le miel, un alicament

Ce terme "d’alicament" est attribué aux aliments ayant des vertus thérapeutiques. S’agissant du miel, celles-ci sont rapportées dans les écrits datant de près de 2700 ans. Les plus grands médecins de l’Antiquité lui prètaient une efficacité dans les troubles de la vision, les problèmes de circulation sanguine et la cicatrisation,… indications que ne fait que redécouvrir la médecine moderne.

Fruit de la transformation quasi alchimique du nectar des fleurs par les secrétions digestives des abeilles, le miel est composé à 70% de sucres (fructose et glucose surtout) enrichis de minéraux, vitamines, acides aminés, oligoéléments, substances aromatiques et antibiotiques. Cette composition en fait un aliment extrêmement complet pour les organismes dénutris ou ayant un besoin immédiat d’énergie (convalescents, enfants, personnes âgées,…). Sa teneur en glucose en limite cependant l’emploi pour les personnes diabétiques auxquelles seul le miel d’Acacia conviendrait en petite quantité (un c . c /jour). Chaque miel va avoir des indications thérapeutiques précises : miels de thym, eucalyptus ou lavande auront par exemple un tropisme respiratoire, alors que le miel de châtaignier sera plus utile dans les troubles circulatoires et celui de Manuka, très antiseptique, utile dans les problémes infectieux, internes ou cutanés. Associé à la loge "Rate/Pancréas/ Estomac" en médecine chinoise, il va donc soutenir la croissance, la digestion, renforcer les défenses naturelles, protéger l’appareil respiratoire et soutenir une bonne formule sanguine, notamment en cas d’anémie. Excellent excipient pour les huiles essentielles, il est étudié et utilisé de plus en plus en milieu hospitalier pour ses pouvoirs cicatrisants et assainissant des plaies (ulcères, escarres,…) dont il va prévenir efficacement l’infection par des bactéries résistantes aux antibiotiques.

Le pollen, trésor protéiné !

Botaniquement parlant, le pollen correspond aux cellules sexuelles mâles de plantes à fleurs. En butinant, les abeilles le récoltent et le rapportent à la ruche où, mélangé au miel, il participera à la fabrication du "pain d’abeille" servant à nourrir le couvain. Surnommé "le steak" de l’abeille, 100 grammes apportent autant de protéines que 400 gr de viande de boeuf ou que 7 oeufs ! Les protéines représentent 20% de sa composition et contiennent l’ensemble des acides aminés indispensables. Il s’agit donc d’une nourriture de choix pour les végétariens ! Egalement riche en vitamines (surtout B, C, D et E), minéraux et oligoéléments, le pollen est donc un fortifiant très utile en cas de fatigue physique et psychique, de dénutrition (personnes âgées) et de retard de croissance. La forme optimale est le pollen frais que l’on peut acheter congelé et dont on conseille la prise de 2 cuillères à soupe le matin avant le petit déjeuner. La MTC le relie à la loge Foie/é.sicule Biliaire qu’il fortifie et dont il soutient les actions : soutien de la vision, de l’activité neuromusculaire et circulatoire.

MIEL : Qualité contre quantité

Il est essentiel de rappeler qu’un miel de qualité n’est obtenu qu’au terme d’un processus naturel de coopération entre le végétal, l’abeille et l’homme. Ce dernier l’oublie malheureusement de plus en plus pour satisfaire la demande, non pas de qualité mais de quantité : processus industriel, ajout d’eau ou de sirop de glucose, nourrissage des abeilles au sucre,… la liste des entraves aux bonnes pratiques agricoles est hélas longue ! Privilégiez donc les miels locaux issus de petits producteurs respectueux de la Nature ! Mieux encore, initiezvous à l’apiculture (pas si simple !) via les nombreux réseaux locaux dispensant des cours. Votre miel n’en sera que plus précieux !
Ressources : www.cari.be



Propolis, Gelée Royale, Cire et Venin

Prélevée sur les arbres (surtout le peuplier) par les abeilles et ramenée à la ruche pour y constituer un "ciment" aux vertus antiseptiques exceptionnelles (la ruche est un véritable "bouillon de culture en puissance" qu’il faut maîtriser), la propolis est surtout utilisée pour ses vertus antibactériennes, antivirales et antifongiques dans les pathologies infectieuses respiratoires, digestives et cutanées. La MTC l’associe d’ailleurs à la loge Poumon/Gros Intestin. Très riche en antioxydants, tout comme le pollen, elle renforce naturellement l’immunité et protège l’organisme des radicaux libres. La solution hydro-alcoolique en est sans doute la forme la plus polyvalente. La gelée royale, quant à elle, est un produit rare et l’unique nourriture de la reine des abeilles pendant toute sa vie ainsi que des jeunes larves. Elle est donc un fabuleux concentré d’énergie vitale très riche en vitamines et utile dans les troubles de la fertilité et le soutien de l’immunité, notamment en cas de cancer. La cire est quant à elle surtout utilisée en cosmétique pour ses propriétés nutritives et adoucissantes cutanées. Doté de propriétés anti-inflammatoires et antihistaminiques, le venin est quant à lui utilisé avec succès dans le traitement des maladies rhumatismales et de la sclérose en plaques !

Einstein aurait dit que "Si les abeilles disparaissent, l’Humanité n’aura plus que 4 ans à vivre". Redécouvrir les produits de la ruche est non seulement un passeport santé mais aussi un moyen de renouer le lien avec la Nature avant qu’il ne se brise à nos dépens.

Charline Nocart

LECTURES RECOMMANDEES :
"Guérir avec les Abeilles – Apithérapie & Médecine Chinoise", de Claudette Raynal-Cartabas, Guy Trédaniel Editeur - Collection Le Temps d’Agir
"L’Apithérapie, Médecine des Abeilles", du Pr. Th. Cherbuliez et du Pr. R. Domerego, Editions AMYRIS - Collection Douce Alternative.
"Ces Abeilles qui nous guérissent", de Roch Domerego, Editions JC Lattès.
"Les Remèdes de la Ruche", des Pr. Roch Domerego, Dr. Ga.lle Imbert et Christian Blanchard, Editions Alpen.
"Ces pollens qui nous soignent", de Patrice Percie du Sert, Guy Trédaniel Editeur