20 plantes médicinales, 20 solutions santé à portée de main
En ces temps de médiatisation des
dérives de la médecine et de la
pharmacie, l’intérêt du grand public
pour les remèdes végétaux, simples
et efficaces se fait grandissant :
livres, sites Internet et stages
d’herboristerie se multiplient pour
redonner à tout un chacun le choix
d’une médecine simple par les
« simples »… Je vous invite à
découvrir 20 de ces remèdes à
portée de main.
Connaître et reconnaître les plantes
les plus courantes afin de soigner
les petits maux de tous les jours
demande bien sûr de se former un
minimum à leur détermination
botanique.
Aujourd’hui, de nombreux ouvrages
qualitatifs existent et chacun
peut y trouver des balises sûres
pour encadrer sa cueillette et la
transformer en diverses formes
galéniques adaptées aux besoins
: tisanes, teintures mères, huiles,
macérats glycérinés, sirops,
vinaigres, miels, cataplasmes,… les
déclinaisons sont nombreuses et
riches de bienfaits !
En route pour un aperçu de la pharmacie naturelle proche de chez vous !
Préparer les « simples »… simplement
Seules les tisanes (infusions et décoctions) pour l’usage interne ou macération à l’huile (solarisée ou non) pour l’usage externe seront évoquées ici. Les infusions concernent l’extraction à l’eau frémissante des principes actifs contenus dans 1 à 2 cuillères à café (pour une tasse d’eau) des parties délicates des plantes telles que pétales et feuilles, que l’on laisse ensuite infuser 5 à 10 minutes avant de filtrer.
La décoction s’adresse, elle, aux parties plus dures telles que racines, écorces, tiges ou feuilles dures, hachées et mises dans l’équivalent d’une grande tasse d’eau froide qu’on porte à ébullition, qu’on laisse frémir 10 minutes à feu très doux et qu’on laisse infuser 5 minutes hors du feu avant de consommer. Les tisanes sont des préparations simples et peu onéreuses mais fragiles ; il est donc conseillé de les consommer dans les 24 h, même placées au réfrigérateur.
Les huiles de macération à froid se préparent généralement en remplissant au trois quarts un bocal en verre des parties intéressantes de la plante que l’on aura au préalable laisser sécher un peu afin d’en évaporer l’eau et que l’on recouvre ensuite d’huile végétale (le plus souvent de tournesol ou d’olive) ou d’un mélange d’huiles (jojoba, noisette, rose musquée, etc.) choisies pour leurs propriétés particulières. Pour rendre cette préparation plus énergétique, on peut l’exposer au soleil pendant 21 jours (de soleil effectif !), en veillant à la couvrir à la pleine lune (J-1, J et J+1). Ces huiles peuvent s’appliquer en externe ou parfois être prises en interne et se conservent de 12 à 18 mois.
Au jardin
Souvent réduites au simple statut de plantes culinaires ou ornementales, de nombreuses espèces ont pourtant des vertus médicinales se révélant très utiles au quotidien.
Le romarin (Rosmarinus officinalis) en est un exemple. Connu depuis la plus haute Antiquité, il se révèle un excellent tonique général, antioxydant et régénérant hépatique. En tisane, il est idéal pour donner un coup de fouet en cas de fatigue physique et psychique. Sa décoction concentrée ajoutée au bain en même temps que les branches ayant servi à la réaliser apaise les douleurs rhumatismales. Une tisane de menthe poivrée (Mentha piperita) après le repas facilite la digestion (action anti-ballonnements, anti-nauséeuse) et diminue la somnolence postprandiale. A éviter le soir cependant, surtout chez les personnes nerveuses ! Cette même infusion, refroidie, constitue une lotion tonique astringente pour peau grasse.
Le laurier noble (Laurus nobilis) est une autre condimentaire très facile à cultiver au jardin dont la décoction de feuilles séchées diminue les ballonnements et augmente les sécrétions de l’estomac, soulageant donc les migraines digestives. Prise 2 ou 3 jours avant les règles, elle en facilite l’apparition (action dite emménagogue). Une huile solarisée de laurier possède une action antalgique appréciable sur les douleurs post-traumatiques et rhumatismales.
Le souci officinal (Calendula officinalis), souvent semé comme ornementale au jardin, possède quant à lui des propriétés adoucissantes et cicatrisantes connues pour apaiser l’érythème fessier des nourrissons et les crevasses du mamelon (préparation huileuse de fleurs). Pilées au mortier, ses fleurs sont utiles en cataplasme contre les verrues et les cors au pied. L’infusion de fleurs possède des propriétés sudorifiques et anti-inflammatoires.
Le thym (Thymus vulgaris), antiseptique, pris en infusion (25 g/l), lutte efficacement contre les refroidissements et la toux. Cette infusion stimulante est aussi un tonique digestif intéressant à prendre en cure au changement de saison. Et s’il vous reste un peu de tisane, utiliser- là en lotion capillaire ! En friction avant le shampoing, elle stimule la pousse des cheveux. Son huile solarisée soulage les douleurs rhumatismales et l’oedème post-traumatique.
Au gré des promenades
Nul besoin d’aller bien loin pour récolter une des plantes dépuratives les plus courantes de nos campagnes et jardins, le Pissenlit (Taraxacum officinalis) ! L’infusion de ses feuilles est un bon diurétique et la décoction de ses racines séchées constitue quant à elle un dépuratif de la sphère digestive (foie, pancréas) très intéressant dans les problèmes de digestion et de constipation. En association avec la racine d’une autre grande dépurative spécifique de la peau qu’est la Grande Bardane (Arctium lappa), le pissenlit est aussi un excellent remède des problèmes de peau (acné, eczéma, psoriasis). La décoction de racines de bardane, désinfectante et cicatrisante, peut d’ailleurs être utilisée en compresses pour ces problèmes de peau, en parallèle d’une prise par voie interne. Son huile solarisée est quant à elle un bon moyen de traiter un cuir chevelu trop gras et de prévenir la chute de cheveux !
Chemin faisant, il est très courant de rencontrer l’Aubépine (Crataegus monogyna) et la Bourse à Pasteur (Capsella bursa-pastoris). L’infusion de la première possède des vertus calmantes, régulatrice du rythme cardiaque et de la tension. Additionnée de miel, elle apaise une gorge irritée. Quant à la seconde, antihémorragique et astringente, elle régularise efficacement tous les saignements excessifs (règles abondantes, saignements de nez). Associée à une autre habitante des bords de chemin qu’est la Ronce (Rubus fructicosus), astringente et adoucissante, la Bourse à Pasteur s’avère un remède utile de la diarrhée. Le caractère délicat de la cueillette des ronces n’est pas sans rappeler celui d’une autre grande plante dépurative de nos prairies et jardins, utilisée en cuisine comme en phytothérapie : l’Ortie (Urtica dioïca) ! Comme la Bourse à Pasteur, elle possède des propriétés hémostatiques (freine les écoulements sanguins), mais est aussi diurétique et tonique générale. La décoction de feuilles, prise trois fois par jour, est utilisée pour les hémorragies, la fatigue et l’hyperglycémie. Riche en minéraux dont la silice, elle apporte un mieux-être en cas de convalescence et de rhumatismes. Combinant les propriétés hémostatiques de ces deux dernières plantes et poussant encore plus loin le potentiel reminéralisant, la Prêle des champs (Equisetum arvense) en décoction est un excellent apport de minéraux (surtout de silice) en cas de fracture, de croissance (enfants), de décalcification (ménopause), de fragilité veineuse. Réduite en poudre, la prêle peut être saupoudrée sur la nourriture.
S’agissant de plantes calmantes et bonnes pour le moral, les friches et chemins accueillent aussi le Coquelicot (Papaver rhoeas) et le Millepertuis (Hypericum perforatum). Adoucissant et pectoral par ses mucilages, calmant et sédatif, le Coquelicot en infusion (pétales) calme la nervosité et apaise la toux des enfants (diviser la dose par 2) et des adultes. Pour ces derniers, une décoction d’une dizaine de capsules sèches par 1/2l aide à trouver le sommeil (pas avant 8 ans) alors que celle de fleurs entières (3 à 4 /tasse) peuvent calmer une angine. Le millepertuis est l’antidépresseur naturel le plus connu de la pharmacopée européenne. L’infusion de sommité fleuries est une aide pour la dépression infantile. Tout aussi connue, l’huile (de tournesol) solarisée de fleurs de coquelicot, d’une belle couleur rouge, apaise et cicatrise les peaux irritées, gercées, brulées par le soleil, calme les douleurs musculaires. Attention à ne pas aller au soleil quelques heures après l’application car elle est photosensisbilisante ! En interne (1 c à c, 2x/j), elle est aussi sédative et antidépressive. A l’instar du millepertuis, le Plantain Majeur (Plantago major) abonde dans les prés et constitue un anti-inflammatoire cutané intéressant en cas de piqure d’insectes (cataplasme de feuilles écrasées). La tisane a aussi une action anti-toux (toux productive) et anti-inflammatoire utile dans les affections respiratoires. Enfin, que seraient nos prairies sans leurs célèbres Pâquerettes (Bellis perennis) dont un cataplasme de fleurs fraîches apaise coups, entorses et ulcérations cutanées et dont l’huile solarisée (de fleurs séchées) est réputée pour préserver la tonicité de la poitrine ?!
Promenons-nous dans les bois
Le milieu forestier regorge lui aussi de plantes médicinales facilement accessibles : le Lierre terrestre (Glechoma hederacea) pour réaliser une tisane ou une huile solarisée « spéciale bronches » (massage pectoral même chez le jeune enfant à partir de 2 ans), le Sureau (Sambucus nigra) dont l’infusion sudorifique et fébrifuge (grippe, refroidissement) peut être utilisée en compresse sur les eczémas et douleurs dentaires ou en bain d’yeux en cas de fatigue et d’irritation. Quant aux arbres, le Noisetier (Corylus avellana) en décoction soulagera l’insuffisance veineuse (jambes lourdes, hémorroïdes), la diarrhée ainsi que les règles abondantes alors que le Tilleul (Tilia europaea), sédatif et calmant par ses fleurs (en infusion à boire ou décoction concentrée à ajouter à l’eau du bain) sera aussi un dépuratif puissant du foie par son aubier.
Alors à vos paniers et sécateurs et bonne découverte !
Charline Nocart
A LIRE POUR EN SAVOIR PLUS :
• 250 remèdes naturels à faire soi-même, du Dr Claudine Luu, Edition Terre Vivante
• Traité pratique de phytothérapie, du Dr Jean- Michel Morel, Editions Grancher
• De la lumière à la guérison, la phytothérapie entre science et tradition, de P. Depoërs, F. Ledoux et P. Meurin, Editions Amyris
• www.faune-flore.be : site avec photos et fiche descriptive des plantes sauvages
• Cours de phytothérapie, par les Dr Bernadette Préat et Michel Vanoudenhoven, IHMN (Institut d’Hygiène et de Médecine Naturelle)