Aroma du Monde n°4
Catherine Cianci est formée en communication et en anthropologie. Début 2010, elle a quitté Bruxelles pour un tour du monde de l’aromathérapie. Nous la retrouvons chaque mois, sur un des cinq continents, pour un «carnet de route» aux parfums d’ailleurs...
C’est à contre-coeur que j’ai quitté les
plantations vietnamiennes. Je serais
bien restée davantage mais s’en aller fait
aussi partie du voyage. Je ne suis qu’au
début de mon tour du monde, j’ai encore
beaucoup de pays à parcourir et de
personnes à rencontrer. Après 10 jours,
j’ai donc repris la route, direction le Laos.
Ce pays n’était pas prévu au départ.
Mon contact vietnamien m’a parlé d’un
de ses amis, Christopher, qui produit et
distille l’huile essentielle la plus chère du
monde : le bois d’aigle. Je l’ai appelé et il
a accepté de me rencontrer.
J’ai décidé de traverser la frontière au
nord du Vietnam. Trois jours de voyage
ont été nécessaires pour rejoindre
Udomxai, la ville où se trouvent les
plantations de Christopher. Même si ce
n’est pas des plus confortables, j’aime
voyager dans les bus locaux car c’est
une bonne manière de découvrir le pays
et le mode de vie des gens. A Udomxai,
une vieille jeep de l’armée m’attendait.
Après une heure de piste, nous sommes
arrivés aux plantations de bois d’aigle.
L’huile essentielle n’est présente dans
l’arbre qu’à partir du moment où celuici
est abimé, soit par des insectes, soit
par la foudre ou encore par le frottement
d’un autre arbre. Pour avoir une
huile de qualité, il est parfois nécessaire
de garder l’infection dans l’arbre pendant
plusieurs années. Le bois sera en suite coupé et distillé pendant plusieurs
jours. Certaines parties de l’arbre sont
également utilisées pour fabriquer des
bâtons d’encens. Cette huile est vendue
principalement dans les pays du Moyen-
Orient et est utilisée pour se parfumer.
Ces dernières années, sa qualité et son
rendement ont fortement baissés et elle
est vouée à disparaitre. Même si les producteurs
injectent dans l’arbre un mélange
de miel et de plantes afin de créer
une infection, le rendement continue
de diminuer.
Après Udomxai, je suis descendue dans
le sud pour aller visiter la distillerie de
Keo, un Lao qui travaille dans ce secteur
depuis plus de vingt ans. J’ai eu la chance
d’assister à une transaction de bois,
ainsi qu’à l’entretien des plantations, au
nettoyage du bois et à sa distillation. Ce
fut intéressant de voir cette micro-société
organisée autour de la production de
cette huile rare. Après le Laos, je suis repartie
vers la Thaïlande pour rencontrer
d’autres producteurs et aller à la découverte
de la médecine traditionnelle thaï.
Au plaisir de partager avec vous la suite
de mes aventures le mois prochain ! Catherine Cianci www.terredaroma.com Avec le soutien de l’IHMN, Bioshanti et Autre Chose. |