La femme : un être de relation
Je demande systématiquement à toutes les femmes qui viennent me consulter : « Que feriez-vous si vous appreniez qu’il ne vous reste qu’un an à vivre ? » Et j’obtiens, à 90 %, la réponse suivante : « Je me rapproche des gens que j’aime. » Les autres veulent voyager.
Plusieurs enquêtes ont démontré que les priorités des femmes tournent autour de la famille et des amis, la carrière ne venant qu’en troisième lieu, sauf pour quelques-unes et surtout pour celles qui n’ont pas encore enfanté. D’autres recherches ont aussi démontré que, même au travail, la dimension relationnelle prime. Est-ce un préjugé, un stéréotype, un conditionnement social ou une réalité physiologiquement fondée ? Les tenants de l’approche culturelle y voient un cliché sexiste ; les évolutionnistes, de simples différences inscrites dans la nature de la femme.
En fait, tout dans son corps et son cerveau tendrait à donner raison aux tenants de l’approche biologique. La mère vit une relation symbiotique de neuf mois avec son fœtus. Cette fusion est souvent entretenue par l’allaitement maternel pendant de nombreux mois supplémentaires. Aviez-vous remarqué qu’il n’y a qu’une voyelle de différence entre le mot sein et le mot soin ? Le corps de la femme est ainsi construit pour nourrir l’autre, pour nourrir la vie, d’où l’expression de mère nourricière.
Des études récentes sur le cerveau vont dans le même sens. Quoique possédant les mêmes structures, le cerveau des femmes s’est développé un tantinet différemment de celui de son partenaire. Ces différences ont été démontrées à l’aide du scanneur, de l’imagerie à résonance magnétique (IRM), de la dissection de cerveaux de cadavres et de l’observation des conséquences des traumas cérébraux et malformations génétiques. Le déchiffrage de l’ADN devrait prouver aussi, non pas la supériorité d’un sexe sur l’autre, mais plutôt certaines spécificités liées au sexe.
Le cerveau de la femme pèse en moyenne 100 à 125 grammes de moins que celui de l’homme, mais sa densité plus forte compense cette différence. Ses deux hémisphères sont égaux. Par contre son corps calleux, bande médullaire blanche qui relie les quatre lobes du cerveau, est 40 % plus développé chez la femme. C’est lui qui assure le transfert des informations entre les deux hémisphères. De plus, les neurones cérébraux féminins possèdent 13 % plus de neuro-poils facilitant ainsi le transfert de plus d’informations d’un neurone à l’autre.
Quelles sont les répercussions comportementales de ces différences ? Elles sont nombreuses et faciles à vérifier : une meilleure mémoire, une plus grande facilité à trouver les mots pour exprimer ses émotions, une grande intuition, un cerveau capable de remplir plusieurs tâches en même temps et une plus grande empathie. Son cerveau mieux équilibré lui permet aussi et en même temps une approche plus globale de la vie et la capacité de mieux percevoir les détails et les nuances. Il en fait ainsi un être doué pour le langage et les relations sociales. C’est pourquoi les femmes ont tendances à choisir des professions axées sur la relation d’aide et qu’elles font, dans ce domaine, de meilleures intervenantes.
Que son corps et son cerveau soient mieux dotés pour la communication et la relation ne font pas de la femme un être supérieur à l’homme : ils n’en font qu’un être humain légèrement différent. Ce qui ne veut pas dire que l’homme ne puisse pas, lui aussi, devenir un être de relation.
Pour en savoir davantage :
Brizendine, L., Les secrets du cerveau féminin, Grasset, 2008.
Le mois prochain : L’homme : un être d’action
Yvon Dallaire, M.Ps.
Psychologue, Sexologue et auteur
www.yvondallaire.com