Plafonner à l’argile, facile ;-)
Utiliser l’argile pour nos intérieurs, c’est utiliser un matériau totalement relié à l’histoire de l’humanité...
Il est amusant que notre société contemporaine, si moderne, redécouvre les vertus des plus anciennes choses du monde, et aujourd’hui, nous nous entretiendrons de l’argile. L’argile, ce matériau infiniment abondant, renouvelable, disponible localement, est le matériau de construction le plus utilisé au monde. Voyez l’ampleur : un tiers de l’humanité vit dans un habitat en terre, soit plus de deux milliards de personnes dans 150 pays et ce matériau est utilisé depuis onze millénaires.
L’argile, quelle est sa composition ?
L’argile est une roche sédimentaire, composée de très fines particules pour une large part de minéraux spécifiques, silicates en général d’aluminium plus ou moins hydratés, qui présentent une structure feuilletée [phyllosilicates] qui explique leur plasticité. Elle provient de matière arrachées aux roches par l’érosion, la plupart de ces particules proviennent de la désagrégation de roches silicatées : du granite [mica et feldspath], du gneiss ou encore des schistes. Transportés par les eaux pluviales, les dépôts peuvent alors sédimenter et former une roche argileuse par diagenèse : déshydratation et compactage.
Mais revenons à nos maisons…
Vous avez sans doute déjà croisé, frôlé ou vu un mur de plafonnage à l’argile. Quel effet cela vous-a-t-il procuré ? L’argile génère chez beaucoup d’entre nous une qualité de présence, un sentiment de noblesse, de simplicité et enfin de confort. Nos sens ne se trompent pas, l’argile est un matériau aux qualités multiples. Parcourons- les ensemble…
Sain : l’argile n’est pas toxique et est totalement inerte et n’a pas d’effet négatif sur la santé, l’argile ne provoque pas d’allergie. Ecologique : l’argile est infiniment disponible, il se recycle totalement, permettant des cycles matières [pose - recyclage - pose - etc...] sans fin. Il ne coûte pas cher environnementalement à produire et à placer, il ne demande pas d’adjonction de réactifs [ciment, chaux, adjuvant de toute sorte, etc...], ni de cuisson. Son énergie grise est très faible.
Régulateur d’humidité : l’argile est un matériau dont les pores sont ouverts, laissant respirer les murs. Sa composition permet d’absorber puis de rejeter de l’humidité ambiante et permettre aussi aux murs et parois de respirer, c’est-à alternative dire laisser circuler l’humidité. Car lorsque l’humidité ne circule pas, au contact d’un point froid, elle condense et entraine une lente détérioration des matériaux et de la qualité de l’air. Le plafonnage au plâtre ou le cimentage sont des techniques non respirantes.
En outre, par ses qualités d’absorption et de diffusion de l’humidité de l’air, l’argile utilisée pour les murs permet de stabiliser l’humidité relative de l’air. C’est notamment pour cette qualité que nous ressentons que l’air s’en retrouve plus sain et plus agréable.
Possédant une bonne inertie thermique : l’argile dispose d’une masse volumique importante et emmagasine de la chaleur et la restitue lentement. C’est grâce à cette capacité que la forte inertie thermique du matériau est très appréciée des constructions bois ou vitrées. Cela réduit les pics de surchauffe et tempère les soubresauts de froid.
Devenons agile en posant l’argile…
Pour la mise en oeuvre, l’argile est un matériau qui sera fort apprécié autant des professionnels que des amateurs, car une fois malaxé à l’eau et posé, il durci calmement et il n’y a nul stress que la «matière prenne», durcisse et ne soit plus apte à être plafonnée. Mieux, une fois durcie même dans une cuvelle, elle peut être remalaxée à de l’eau et ainsi être à nouveau apte à la pose. Fini les outils «abimés», fini les doigts «agressés» par les réactifs, au revoir la poussière de plafonnage dans les poumons…
Le plafonnage à l’argile se travaille en plusieurs couches, par simple mélange d’argile et d’eau. Au préalable, la granulométrie de l’argile aura été précieusement étudiée pour une mise en oeuvre aisée.
Selon la nature du sol, il est même possible lors du terrassement pour une nouvelle construction, d’étudier simplement la granulométrie de l’argile en la laissant décanter dans une bouteille d’eau et si la granulométrie est optimale et appropriée, d’en prélever quelques m³ pour sa mise au oeuvre au stade des parachèvements…
Si là où vous habitez, votre sol est calcaire ou autre, l’argile peut aussi s’acquérir auprès des négoces de matériaux écologiques et vous y serez bien conseillé.
L’argile a ceci de sympathique aussi que nombreux sont les apprentis plafonneurs qui osent se lancer dans cette technique. Autant le plafonnage au plâtre est traditionnellement complexe au vu du durcissement du matériau, autant le plafonnage à l’argile permet sans risque d’apprendre les gestes pour un travail de qualité. Et si il y a une erreur, on remouille et on corrige. Avec l’argile, on devient agile.
Les matériaux en terre se prêtent donc admirablement bien à la rénovation et la restauration de bâtiments anciens, car ils prolongent la noblesse des matériaux de structure, tout en cohérence.
Les enduits d’argile s’appliquent sur tout type de support : briques, blocs, plâtre, botte de paille, panneaux divers, etc. Il existe des couches d’accrochage pour les supports lisses.
De la paille hachée de taille variable peut être ajoutée au mélange pour augmenter la cohésion de la couche et réduire les risques de fissures lors d’application de couches épaisses. Pour la finition, il est parfois ajouté des pigments naturels, de la paille hachée fine, des éclats de nacres qui donneront à votre mur une élégance toute scintillante.
Et pour ceux qui voudraient en profiter pour supprimer leur radiateur, en insérant un serpentin de chauffage dans les murs, on peut transformer sa maison pour un chauffage rayonnant. Cela ne fera que de renforcer les qualités de l’argile, et donner un confort… intégral.
Raphaël Dugailliez