La ménopause : un nouveau printemps
La ménopause chez la femme tout comme l’andropause chez l’homme, n’est pas une maladie, malgré un certain discours médicalisant, mais bien un changement hormonal. Celui-ci peut engendrer des modifications physiologiques et psychologiques plus ou moins contraignantes selon la personne. De même que la puberté, il s’agit d’une transition que l’on peut aborder comme la découverte d’un nouveau « soi », d’une renaissance…
LA MÉNOPAUSE, UN PROCESSUS NATUREL
Chute des oestrogènes et de la progestérone
La ménopause est la fin du cycle menstruel et survient généralement entre 45 et 55 ans. Les ovaires, dont l’activité est de libérer des ovules et de sécréter des hormones (oestrogènes, progestérone), cessent de fonctionner et entraînent dès lors l’arrêt définitif des règles et de la fécondité.
Comment est perçue la ménopause ?
Une femme n’est pas l’autre. Selon leur vécu passé et présent, leur mode de vie, leurs croyances, elles perçoivent cette période très différemment les unes des autres et remettent souvent en question divers aspects de leur existence : la relation à soi, au partenaire, à la famille, au travail, à la santé. Par ailleurs, la chute des hormones ne signifie pas seulement la fin de la fécondité, c’est aussi l’approche du « troisième âge », synonyme de vieillesse dans nos sociétés occidentales où l’on sacralise « le paraître » et où l’on cultive le culte de la performance et du profit.
Des symptômes variables
Bouffées de chaleur, sueurs nocturnes, sécheresse vaginale et cutanée, prise de poids, troubles du sommeil, irritabilité, maux de tête, changements d’humeurs, tristesse allant jusqu’au syndrome dépressif exprimant une véritable crise existentielle.
Bien heureusement, toutes les femmes ne sont pas logées à la même enseigne. Certaines n’éprouvent quasiment aucun de ces symptômes alors que d’autres vivent la ménopause comme une réelle souffrance.
TROIS HORMONES À LA RESCOUSSE : L’OCYTOCINE, LE CORTISOL, L’INSULINE
Elles ont leur importance à tout âge bien évidemment, mais avec la chute des hormones sexuelles, elles sont d’autant plus essentielles pour compenser cet effondrement et rétablir ainsi l’équilibre.
1. L’insuline, notre régulatrice glycémique Il s’agit d’une hormone sécrétée par notre pancréas, qui régule le taux de sucre dans le sang. Cependant, nous avons tendance à consommer trop de sucres et de glucides en général, ce qui provoque des pics d’insuline que nos cellules n’apprécient guère.
Elles y deviennent insensibles et vont commencer à résister. C’est ce qu’on appelle l’insulino-résistance. Cet hyperinsulinisme favorise le stockage des graisses et donc la prise de poids. Ce processus peut engendrer le diabète de type 2, une maladie insidieuse qui peut attendre une dizaine d’années, voire davantage, avant de faire surface.
Par ailleurs, la consommation en excès de sucre et de glucides, selon le neurologue David Perlmutter, pourrait avoir un lien avec l’apparition de la maladie d’Alzheimer, nommée, désormais par certains scientifi ques, diabète de type 3.
BON À SAVOIR : lors du dosage sanguin de la glycémie, pensez à vérifi er l’insuline ainsi que l’hémoglobine glyquée. La glycation peut conduire à un vieillissement cellulaire précoce.
2. Le cortisol : notre soutien surrénalien
Le cortisol est une hormone stéroïde sécrétée par les corticosurrénales à partir d’une autre hormone la prégnénolone, précurseur des oestrogènes, de la progestérone, de la testostérone et de la DHEA. On la nomme la « mère des hormones ».
Le cortisol est un anti-inflammatoire naturel et nous est utile à l’action. C’est bien sa production déficitaire ou excessive qui nous est nocive.
Il a son rythme circadien naturel. Son pic se situe aux alentours de 8h du matin, ce qui nous permet de démarrer la journée en pleine énergie. Vers 17 h, il commence à baisser pour nous préparer à une bonne nuit de sommeil.
Malheureusement, dans ce monde effréné de surconsommation en tout genre, où tout va trop vite, l’être humain vit dans un perpétuel stress, ce qui épuise ses surrénales.
Ces dernières, qui font partie de l’axe hypothamo- hypophyso-surrénalien (HHS), communiquent avec les glandes sexuelles. Il est, dès lors, essentiel en cette période de transition de veiller à optimaliser les surrénales. En effet, le stress chronique entraîne une diminution de la progestérone et de la prégnénolone, importantes pour la mémoire et la bonne humeur.
3. L’ocytocine, l’hormone de l’amour, de la confiance et du lien
L’ocytocine est essentielle à notre épanouissement. Bien connue pour son rôle dans la contraction utérine lors de l’accouchement et dans la stimulation de la lactation lors de l’allaitement, c’est l’hormone de l’amour, de l’empathie, de l’altruisme, la molécule du bien-être qui permet la sécrétion de la sérotonine, laquelle est surnommée « l’hormone du bonheur ».
Bien qu’il soit possible de se supplémenter en ocytocine de synthèse, rien de tel que de la produire dans notre organisme grâce aux sourires que l’on reçoit et que l’on donne, grâce à la gratitude, à la bienveillance, au respect, à l’amour partagé. Savez-vous que la sécrétion de la dopamine, ce neurotransmetteur qui nous donne l’élan d’entreprendre, du plaisir à vivre, ne se synthétise pas s’il y a stress et humiliation ? L’ocytocine et le cortisol sont des antagonistes indissociables.
Les menaces activent le cortisol tout en réduisant la production de l’ocytocine.
BON À SAVOIR : Au vu des perturbateurs endocriniens environnementaux, il peut être utile, et très certainement en cette période de transition où notre métabolisme commence à ralentir, de vérifier l’état de notre thyroïde via une analyse des urines de 24h. Et tant qu’à faire, vérifions les stéroïdes par la même occasion. S’il y a un réel souci de burnout, une analyse salivaire du cortisol et de la DHEA peut s’avérer encore plus précise.
L’OSTÉOPOROSE
Pourquoi nous soucier davantage de l’ostéoporose en cette période de changement hormonal ?
L’os se régénère continuellement grâce à l’action des ostéoblastes et des ostéoclastes, cellules assurant respectivement la formation et la destruction du tissu osseux. Vers 20 ans la masse osseuse cesse d’augmenter et commence à diminuer vers 40 ans.
Sachant que les oestrogènes limitent l’activité des ostéoclastes, le phénomène s’accélère encore davantage lors de la ménopause, étant donnée la chute des hormones sexuelles. Dès lors, les mécanismes de destruction l’emportent sur les mécanismes de la construction.
Heureusement, bouger permet de stimuler les ostéoblastes. Trente minutes par jour d’exercice physique modéré (yoga, taichi, qigong, trempoline, marche nordique) sont vivement recommandées.
BON À SAVOIR : Il est essentiel de veiller à votre équilibre acido-base. A vérifier au moyen de papier indicateur pH urinaire, que vous pouvez vous procurer en pharmacie.
DES SOLUTIONS : ALIMENTATION, PHYTOTHÉRAPIE ET HYGIÈNE DE VIE
La ménopause : un passage.
Posez-vous la question de ce qui est vraiment important et qui fait sens pour vous ? Soyez présente ici et maintenant. Prenez le temps nécessaire, relativisez, ralentissez, contemplez, …. Un petit carnet de bord dans lequel vous pouvez déposer vos pensées vos projets, vos rêves, peut vous aider à mieux vous retrouver et vous ancrer.
1. La gestion des émotions
Deux remèdes du Dr. Bach :
- Walnut (le noyer) le « passeur ».
- White chestnut (le marronnier blanc), le « libérateur » des pensées obsessionnelles.
Des plantes adaptogènes :
- Le maca, la plante adaptogène recommandée en cette période, tant pour l’homme que pour la femme.
- L’ashwagandha : en cas d’hypothyroïdie.
2. Le sommeil, dépendant de l’équilibre du trio insuline/cortisol/ocytocine.
L’angélique en teinture mère, associée à de la mélisse et de l’aubépine, favorise un sommeil réparateur.
3. L’activité physique renforce le coeur, l’estime de soi, entretient la masse musculaire et osseuse, améliore l’humeur, détoxifi e, stimule la neurogénèse et réduit les bouffées de chaleur.
4. La gymastique sexuelle
Eh oui, il n’y a pas que les biceps à entretenir ! Un périnée tonique et bien musclé prévient les fuites urinaires lors d’un effort physique, d’un éternuement ou d’un fou rire, mais aussi décuple vos sensations et celles de votre partenaire. Vous connaissez, sans doute, les fameuses boules de geisha utilisées par les femmes japonaises depuis des siècles, ou les exercices du Dr. Kegel, conçus dans les années 40. Vous pouvez également consulter un kiné.
Le déclin des hormones peut aussi entraîner une atrophie vaginale. La paroi vaginale devient plus fi ne et moins lubrifi ée. Une libido en berne des rapports sexuels douloureux peuvent survenir. Une complémentation en phytothérapie peut vous aider, voire des hormones bio-identiques. Dans ce cas, consultez une gynécologue experte en la matière. Réaliser votre lubrifi ant fait maison à base d’huile de coco ou de bourrache additionnée de quelques gouttes de sauge sclarée et de camomille peut également s’avérer d’une aide précieuse.
BON À SAVOIR : La communication avec votre partenaire est essentielle. Lui aussi vit peut-être son andropause. Confiance, complicité, tendresse sont les maître mots de l’Amour.
5. La gestion des bouffées de chaleur et des sueurs nocturnes au naturel
Connaissez-vous les bains dérivatifs ? Ces poches fraîches (yokool®) ou des poches gel achetées en pharmacie que vous aurez mises au congélateur au préalable. Enroulez- la dans un essuie-tout et glissez-la dans votre slip. Un soulagement immédiat ! En réalité, cette pratique d’hygiène pour tous a pour fonction principale de réduire l’état infl ammatoire général de l’organisme.
Par ailleurs, des moments de respiration profonde en toute conscience peuvent aussi apaiser rapidement les bouffées de chaleur.
Des plantes salvatrices :
- Le houblon et l’actée à grappes ont une action oestrogénique. Elles réduisent les bouffées de chaleur, facilitent l’endormissement et apaisent l’anxiété.
- Des tisanes à base de sauge.
- L’huile d’onagre.
- Des graines de lin fraîchement broyées.
Utiles également en cas de constipation.
- Des huiles essentielles comme la sauge sclarée qui agit en parallèle sur les troubles de l’humeur ou le cyprès qui soulage les jambes lourdes.
- Le binôme soja (oestrogène-l ike)/yam (progestérone-like).
- L’airelle rouge en gemmothérapie
D’autres pistes :
- L’acupuncture
- Des remèdes homéopathiques. Chaque personne est unique, pensez à consulter.
BON À SAVOIR : Eviter les excitants comme le café et l’alcool.
6. L’alimentation, votre meilleure alliée
- Une alimentation vivante et alcalinisante (fruits et légumes) pour des os solides.
- Des vitamines protectrices :
- vit D permet d’absorber le calcium. Une complémentation s’avère nécessaire.
- vit K active la synthèse de l’ostéocalcine, une protéine de l’os.
Sources alimentaires : chou, cresson, soja fermenté (natto).
- vit C, indispensable à la synthèse du collagène.
- vit E : protège les membranes cellulaires et préserve les acides gras essentiels de l’oxydation.
Sources alimentaires : huile d’olive et de noisette, graines germées de tournesol.
- Des algues pour le calcium, des protéines, des phytoestrogènes et des oméga-3 (EPA et DHA).
- Une quantité accrue de bons acides gras (petits poissons gras, oléagineux).
- Une diminution drastique du sucre et des glucides.
- Un apport en protéines de qualité pour préserver votre masse musculaire.
- Des aliments lacto-fermentés pour vos intestins et votre fl ore vaginale.
- De l’eau en suffi sance en dehors des repas et des jus frais de légumes.
Le jeûne intermittent
Vivement conseillé ! Tout bon pour la ligne, vos organes digestifs, votre sommeil et votre humeur. En revanche, libre à vous de vous faire plaisir avec 20 g. de chocolat noir (85%) par jour !
BON À SAVOIR : Il existe de délicieux petits desserts cétogènes.
7. En cosmétique
Hydratez et nourrissez votre peau grâce aux huiles d’argan, de bourrache, d’onagre, d’argousier, de jojoba, de germe de blé … L’ajout d’huiles essentielles, comme la carotte, la cyste ladanière, peut raffermir et raviver l’éclat de votre visage.
Mesdames, quel bel éveil !
Prenez soin de vous. Tout comme les centenaires d’Okinowa, 50 nouvelles années de santé tant physique, émotionnelle que spirituelle sont à votre porte ….
Karin Schepens
Paru dans l'Agenda Plus N° 327 de Mai 2021