L'ART DE VIVRE EN PLEINE CONSCIENCE
THICH NHAT HANH
Thich Nhat Hanh est un moine bouddhiste, un militant pour la paix, un maître zen, un écrivain et un poète. Au sein du bouddhisme, Thich Nhat Hanh représente un courant qu’on appelle «bouddhisme engagé» et qui se caractérise par un lien étroit avec tout ce qui est vivant, une solidarité qui s’exprime par des actions qui se font avec amour, douceur et attention. La pleine conscience est un thème important pour Thây (comme l’appelle affectueusement ses élèves et amis), c’est-à-dire ne faire les choses qu’en portant une attention extrême à tout ce que l’on fait. Son enseignement aide à une transformation et une guérison profonde. Indépendamment des convictions religieuses ou philosophiques, chacun peut apprendre l’«art de vivre en pleine conscience». Né en 1926 au Vietnam, Thich Nhat Hanh est devenu novice à 16 ans. Sa motivation fut grande d’intégrer le bouddhisme à la vie quotidienne. Dans les années quarantes, il fut témoin de la guerre contre les colonialistes français. Dans les années soixantes, la guerre entre le nord et le sud Vietnam éclata, puis vient l’intervention américaine. Il fonda l’Ecole des Jeunes pour le Service social (EJSS) qui s’occupa, entre autre, de l’accueil des individus, des victimes de guerre et de la reconstruction des villages détruits. «Thây voulait fonder un institut qui enseignait un bouddhisme plus pratique que théorique. Lorsque les bombes se mirent à tomber, l’heure n’était plus à la méditation assise. Nous devions nous occuper des blessés et nourrir les enfants», notait soeur Chân Không, une disciple des premières heures et bras droit de Thây dans son livre «La force de l’Amour». En 1966, on lui demanda d’aller parler en Occident au nom du peuple vietnamien qui n’appartenait à aucun des deux camps en guerre. Il rencontra alors bon nombre de leaders religieux et politiques et travailla en collaboration avec des militants pour la paix afin de toucher un public mondial. Martin Luther King proposa même sa candidature pour le Prix Nobel de la Paix. En raison de ses prises de position pacifistes neutres, Thây fut empêché de retourner au Vietnam en ‘67. Il trouva asile en France où il fonda en ‘82 le Village des Pruniers, monastère bouddhiste et centre de méditation, situé en Dordogne. Des retraites y sont organisées plusieurs fois par an. Des personnes du monde entier (Asie, Australie, Amérique, Europe) viennent y participer. Inspiré par sa personnalité et par son enseignement, des groupes (sangha) sont apparus un peu partout dans le monde qui regroupent les personnes désireuses de pratiquer le bouddhisme selon l’enseignement de Thây (groupes de pleine conscience). En janvier 2005, après 39 ans d’exil, Thây reçoit enfin l’autorisation du gouvernement vietnamien d’effectuer une visite dans son pays. Avec une délégation de 100 moines et moniales et de quelques 200 laïques, il y a donné des conférences sur le dharma et a enseigné l’art de la méditation du sud au nord Vietnam. Il a commencé dans les temples, puis il a obtenu l’autorisation de faire des conférences en public. Son message de paix, de fraternité et de compassion touche jusque dans les plus hautes sphères politiques et scientifiques. «Avant notre visite, ils nous considéraient véritablement comme un ennemi. Mais maintenant nous sommes devenus des amis», conclut Thây.