Mal de dent… mal dedans ? Une introduction au décodage dentaire
Est-il encore concevable au 21ème siècle de soigner nos dents sans avoir
conscience de ce qu’elles représentent ? Tout comme pour les maux de
notre corps, il est temps de retrouver le sens de nos maux dentaires. Et pour
comprendre le sens, il convient de pouvoir en décoder le langage. C’est précisément
la démarche du décodage dentaire !
Nos dents sont loin d’être de simples outils de mastication. Pourtant, c’est cette vision pour le moins réductrice qui conditionne la perception contemporaine de nos dents. Etymologiquement, le mot « dent » provient de la racine indoeuropéenne « ed » qui signifie mordre, mâcher. Mais nos dents n’ont pas toujours été réduites à cette simple fonction biologique. Ainsi, les Hébreux voyaient autre chose dans ces structures minérales qui garnissent nos mâchoires : leur lettre « shin » a pour hiéroglyphe d'origine la représentation d’une dent, plus exactement une molaire (dont elle reproduit les trois racines dirigées vers le haut), symbolisant ainsi la « racine dans la tête », c'est-à-dire l'esprit. La lettre « shin », qui a donné « shen » - dent en hébreu -, représente l'esprit, le feu divin qui pénètre toute la création.
Tout comme les Hébreux, de nombreux peuples anciens ont su percevoir la nature « invisible » de nos dents. En Amérique précolombienne, les Mayas les limaient pour leur donner une forme particulière et y incrustaient des pierres (jade, pyrite, obsidienne). Ces ornements constituaient un code en rapport avec le rôle social ou spirituel dont le personnage qui les portait était investi.
En Orient, on pensait que les sages ou les êtres évolués avaient plus de dents que le commun des mortels. C’est ainsi que le Bouddha est traditionnellement représenté avec 40 dents (au lieu de 32).
Décodage biologique et dentaire
Le décodage biologique1 permet de comprendre l’origine d’une maladie ou d’un dysfonctionnement quel qu’il soit. Selon cette méthode, le trouble n’apparaît plus comme un mal ou un problème, mais plutôt comme un indicateur sur lequel chacun d’entre nous peut compter pour sa prise de conscience et sa guérison.
Cette vision permet de déterminer la cause profonde d’un symptôme récurrent, de prendre conscience de la symbolique qu’elle représente et d’identifier l’émotion qui y est reliée afin de s’en libérer. L’adaptation biologique que constitue le symptôme n’a alors plus lieu d’être et peut disparaître d’elle-même.
Le décodage dentaire est donc la mise en oeuvre spécifique des lois révélées par le décodage biologique au sein de la cavité buccale.
Voici comment l'un des experts et promoteurs du décodage dentaire, le Dr Christian Beyer, a découvert le langage des dents :
« C'est par une manifestation étrange de la carie que l'histoire a commencé. Dès ma 3ème année d'études, les patients qui me furent confiés étaient porteurs d'une carie étrange : elle était symétrique ! Si une première molaire supérieure droite était atteinte en un point précis de sa face occlusale, la première molaire supérieure gauche se trouvait elle aussi touchée au même endroit de la même face. Il n'y avait qu'une différence de taille, donc de date d'apparition. Ainsi ai-je commencé à parler de caries mères et de caries filles…
Bien entendu, la dynamique carieuse d'origine bactérienne se trouvait là devant l'inexplicable. En effet, rien ne permet d'expliquer que les "microbes" sautent d'une dent à une autre sans passer par la voisine d'abord. La contagion semblait sélective !
A la recherche d'une explication, j'ai suivi le chemin des médecines dites parallèles, voire de pratiques "hérétiques" aux yeux de la faculté. Je n'ai cependant jamais perdu de vue la santé dentaire qui restait l'ultime but et le seul moteur de cette aventure. Ainsi, le Décodage Dentaire est-il d'abord et avant tout fidèle à cette motivation : soigner la dent, non dans sa forme, mais dans ce qui s'y projette, ou encore dans ce à quoi elle semble intimement reliée. »
Afin de nous permettre d’accéder à notre authenticité et intégrité d'Être, la dent, véritable mémoire de notre existence — au travers de sa malposition, de ses caries et de ses absences, quelle qu'en soit la cause — peut donc révéler les méandres cachés de notre inconscient.
Un peu d’anatomie
Avant d’explorer le langage des dents, rappelons les bases anatomiques dentaires. La dent humaine est un organe dur, couleur ivoire, composé d'une couronne et d'une ou plusieurs racines implantées dans l'os alvéolaire des os maxillaires de la cavité buccale. On distingue quatre types de dents : les incisives, les canines, les prémolaires et les molaires. La dent est formée de 3 parties distinctes : la couronne visible en bouche, la racine implantée dans l'os et le ligament alvéolodentaire qui relie la racine à l'os.
La couronne est formée de 3 couches : l'émail forme la couche externe, la dentine constitue la couche intermédiaire et la chambre pulpaire la dernière couche qui est située tout au centre de la couronne et assure l'innervation et la vascularisation en provenance des racines dentaires.
Chez l'être humain, deux dentitions se succèdent : les 20 dents temporaires ou « dents de lait » qui poussent vers 6 mois et commencent à être remplacées à partir de 6 ans pour laisser la place aux dents définitives. La première dent à émerger est le plus souvent la « première molaire », suivie des incisives puis les autres poussent. Les deuxièmes molaires définitives se mettent en place ± vers 12 ans. Quant aux troisièmes molaires ou « dents de sagesse », elles font souvent éruption à partir de 18 ans. La dentition est considérée complète avec 32 dents lorsque les dents de sagesse sont toutes en bouche.
La bouche, tout un Univers
Selon le Dr Christian Beyer, l'être humain peut s'appréhender sous l'aspect relationnel, activité que nous remplissons à chaque instant de notre vie. Nous sommes en permanence en relation avec cinq axes distincts : avec nousmême, avec les autres, avec la Terre, avec le Ciel et avec une dimension transcendante, spirituelle, qui nous donne vie (relation au Soi). La bouche regroupe tous les niveaux relationnels de chaque axe et chacune de nos dents porte, en potentiel, nos conflits relationnels inconscients. C'est comme si le filtre psychologique avait été dépassé par les événements et avait laissé l'information douloureuse s'installer dans le réservoir de l'inconscient. L'ensemble des informations portées par les dents sont essentiellement des mémoires d'avant la naissance et des deux premières années de la vie. Puis, les troubles dentaires et les caries ne viennent que révéler des conflits réactivés. La thérapie dentaire idéale vise donc à traiter et à accompagner l'individu dans la résolution de ces conflits.
Les 32 lettres de notre alphabet personnel
Selon Dr Estelle Vereeck, docteur en chirurgie dentaire, initiatrice de la psychodontie et auteure de trois livres consacrés au langage des dents, la spécificité de la bouche est d'offrir une diversité de formes sans équivalent : « Si nous n'avons qu'un estomac, deux poumons, etc, nous disposons de 32 dents. La combinaison de ces 32 organes, qui sont autant de lettres de notre alphabet personnel, avec la variété des atteintes possibles (carie, déchaussement, fracture, etc…), sans parler de toutes les autres anomalies (agénésies, dents mal implantées, en surnombre, etc…) donne à ce langage son exceptionnelle richesse et sa remarquable précision. »
Les possibilités sont infinies. On ne peut trouver deux bouches qui se ressemblent. Comme le visage ou nos empreintes digitales, la bouche montre notre singularité.
Mais si chaque dent peut nous délivrer un message particulier, comment le traduire ? Comment reconnaître le sens spécifique de chaque dent ? Observer les 32 « sculptures vivantes » qui habitent notre bouche est la clé qui donne accès à leur sens.
Il n'y a pas deux dents exactement semblables, chacune est unique par sa morphologie, la zone où elle est implantée, le moment où elle fait son éruption. A chacune est dévolue une fonction mécanique spécifique qui reflète son rôle à un niveau plus subtil.
Ainsi, chaque dent exprime une partie de nous-même, représente un domaine de notre vie, une qualité, une facette de notre personnalité.
Les molaires et l'ancrage
Huit prémolaires pour écraser et douze molaires pour broyer. Ces dents, larges et massives, assurent à elles seules l'essentiel de la mastication. Ce sont elles qui, principalement, nous nourrissent, matériellement bien sûr, mais aussi sur d'autres plans : affectif, moral, professionnel, spirituel. Les molaires ont également un rôle important de « calage des mâchoires ». Elles stabilisent l'édifice qu'est la denture et, au-delà, sont les garantes de la verticalité de la posture. D’après le Docteur Estelle Vereeck : « Ce sont les piliers principaux de l'édifice extérieur (la denture) et intérieur (la personnalité). »
Perdre ses molaires est le signe que l’on perd son ancrage, que l’on perd pied. Les premières molaires sont nos appuis fondamentaux et figurent malheureusement parmi les dents les plus touchées par la carie, y compris chez les enfants, portant la trace de nos carences les plus précoces (affectives, éducatives, etc.).
Chez certains auteurs, les prémolaires et les molaires représentent notre degré de contentement face aux décisions qui ont été prises ou qu’il nous reste à prendre. Elles sont en lien avec la protection, la stabilité, l’endurance et la persévérance.
Les incisives et le sourire
À l'opposé, les dents de devant — les incisives — attirent tous les regards. C'est grâce aux « dents du sourire » que l’on entre en relation avec le monde. Ces 8 dents (avec les canines) sont très valorisées dans notre société qui donne priorité à l'image. En ce sens, leur tonalité est souvent liée à la séduction.
Au nom de l'apparence, elles sont parfois modifiées de manière irrémédiable par des procédés tels que le blanchiment, la pose de facettes ou de couronnes en porcelaine pour les rendre plus belles, plus blanches, plus droites. Les « dents du sourire » reflètent notre personnalité. Si elles ne sont pas toujours blanches ou parfaitement alignées, c'est parce que chacun est différent. En les blanchissant ou en les recouvrant, c'est sa personnalité qu'on tente de masquer.
Les incisives se rapportent aussi au fait d’avoir à « trancher » face à un choix difficile ou encore de ne pouvoir « mordre pour saisir, couper ou se défendre ». Chez certains auteurs, elles représentent également les qualités vertueuses de l’archétype féminin (à gauche) et masculin (à droite).
Les canines et notre place dans le monde
Au nombre de quatre, les canines sont là pour déchirer, dilacérer. Pas étonnant que leur tonalité principale soit en lien avec notre acharnement, notre violence et, selon certains auteurs, avec notre haine et notre vie sexuelle. Les canines sont également liées au fait de pouvoir exercer une certaine autorité sur les décisions que nous avons à prendre. Elles peuvent être affectées lorsque, par exemple, nous nous sentons « déchirés » face à une décision à prendre. Pour d’autres auteurs, elles nous questionnent sur « comment prendre ma place dans le monde social ? ». La canine supérieure gauche est la façon dont « je vis les mutations intérieurement », tandis que la canine supérieure droite est la façon dont « je veux me manifester à l’extérieur ».
Les dents de sagesse et l’autonomie
Dernières dents à faire leur éruption, les dents dites « de sagesse » viennent clore le cycle de croissance. Leur venue en bouche marque l'entrée dans l'âge adulte. Les dents de sagesse sortent souvent vers l'âge de 18 ans, parfois avec difficulté car il n'est pas facile de quitter les parents pour s'assumer pleinement. Les accidents d'éruption (inflammation, douleur, joue qui gonfle) surviennent souvent en période d'examens. Si le stress y est pour quelque chose, c'est surtout le stress lié à la perspective de quitter la maison pour aller, par exemple, étudier dans une autre ville... « Serai-je capable de me débrouiller seul ? » est la question posée en filigrane.
Chez certains auteurs, la supérieure droite correspond à la force développée (ou non) pour s’intégrer dans le monde physique et spirituel, la supérieure gauche est en lien avec la peur d’être rejeté du monde physique et spirituel, l’inférieure droite correspond à l’énergie physique développée pour s’insérer dans le monde, tandis que l’inférieure gauche reflète la force que l’on développe pour exprimer ses sentiments dans son environnement…
Carie / carence, mais de qui, de quoi ?
Souvent, on pense que les caries sont liées aux méfaits du sucre ou à des problèmes de carences alimentaires (en vitamines ou en minéraux constructeurs de la dent). C'est vrai, si ce n'est que la carence n'est pas toujours là où l’on imagine qu’elle est ! « Je n'ai pas eu de maman », dit la carie sur la première molaire en bas à gauche. « Je n'ai pas été suffisamment admiré ou reconnu » est le message d'une carie sur l'incisive centrale du haut. C'est cette carence originelle qui crée un terrain favorable à la carie. Vécu bien avant que la dent ne sorte, le manque affecte le tissu dentaire en formation qui réagit au stress et se fragilise dès ce stade.
Par exemple, selon le Dr Estelle Vereeck, une carie sur l'incisive — je n'ai pas été reconnu par papa ou maman — montre que le problème est réactivé dans ma vie. Aujourd'hui, je ne me sens pas reconnu par mon supérieur, mon conjoint ou une autre personne qui joue un rôle de père ou de mère symbolique. Selon la dent atteinte, divers sentiments tels que l'abandon, l'impuissance, l'insécurité ou d'autres, peuvent être réactivés et exprimés dans le présent.
C'est cette carence originelle, bien plus que le sucre par laquelle on tente de la combler, qui cause la carie. Ainsi, il ne faut pas confondre la cause avec le symptôme. D’après le Dr Estelle Vereeck : « Le sucre que l’on consomme en excès pour tenter d'adoucir ses souffrances est un symptôme du manque, au même titre que la carie. C'est pourquoi il n'est pas suffisant de supprimer le sucre pour régler le problème des caries, du moins tant que cette suppression s'assimile à une privation. Comprendre la nature de ses manques et choisir de les combler par d'autres moyens que la « douceur du sucre » est la seule voie possible. Pour cela, on fera le bilan de ses caries afin d'obtenir une cartographie précise de ses carences d'enfant. Les dents atteintes indiquent de quoi on a manqué et le côté (droit ou gauche) précise par rapport à quel parent. »
Nos dents sont donc en étroite relation avec nos états d’être et chaque dent abîmée ou enlevée porte la trace de nos blessures intérieures, souvent en lien avec la petite enfance. En ce sens, nos dents ne trichent pas, elles sont un état des lieux de notre état psychique.
La prochaine fois que nous allons chez le dentiste, pensons à vérifier si nos dents n’auraient pas un petit message à nous faire passer. Nous pouvons le faire par nous-mêmes en consultant certains dictionnaires spécialisés ou, mieux, avec des dentistes qui s’intéressent à la psychologie des dents et qui ont développé une sensibilité dans les soins proposés.
En effet, l'état d'esprit avec lequel est abordé le soin compte au moins autant que le soin dentaire lui-même. Réalisé en conscience, le soin dentaire offre une opportunité d'être un peu plus enraciné et présent à soi-même. Notre « cathédrale dentaire » redevient alors ce qu’elle n’a jamais cessé d'être : le temple de notre âme.
Olivier Desurmont
1 voir article publié dans l'AGENDA Plus n° 227 de mai 2011, disponible sur agendaplus.be
RÉFÉRENCES :
« Décodage Dentaire, ce que disent les dents des hommes », du Dr Ch. Beyer au Chariot d’Or
• « L’ABC du décodage dentaire » du Dr Ch. Beyer chez Grancher
• « Dictionnaire du langage de vos dents »,
« Langage des dents - L’essentiel » et « Les dents, temple de l’âme » du Docteur E. Vereeck chez Luigi Castelli
• articles du Docteur E. Vereeck sur editionsluigicastelli.com
• articles du Docteur Ch. Beyer sur dentsvivantes.net
• forme-sante-ideale.com
Paru dans l'Agenda Plus N° 282 de Novembre 2016