Révolution spirituelle, révolution tisserande !
Être plus… Comment « être plus » sans nous
relier à tout ce qui nous met en croissance,
nous fait grandir en humanité, nous ouvre à
plus grand que notre petit ego ? Parmi ces
liens nourriciers, il en est trois en particulier
que nous ressentons aujourd’hui comme
d’autant plus vitaux qu’ils sont terriblement
en souffrance. Je veux parler du lien à la
nature, du lien aux autres et du lien à soi.
Dans Révolution Spirituelle ! j’appelle ce
triple lien les trois liens d’or :
En particulier trois liens sacrés
Qui nous unissent à elle,
La grande Énergie spirituelle,
Qui circule dans tout l’univers
Venant du plus haut même que les sphères
Où vivent des anges de lumière.
Trois liens d’or
Qui réveillent
Le Dragon qui dort
D’un trop long sommeil :
Le Lien à soi,
Vers cette Énergie
Au coeur du moi
Le Lien à autrui,
Vers la même Énergie
Trouvée par l’émotion
De la compassion,
Le Lien à l’univers,
Qui dans notre chair
Révèle cette même Énergie
Comme unité de tout ce qui vit.
Trois directions
Vers trois puits sans fond,
Trois secrets sans âge,
Trois océans sans rivages,
Où l’on peut puiser à l’envie
Puiser sans jamais les épuiser
Une vitalité illimitée !
Où l’on peut à l’envie,
Puiser sans jamais l’épuiser,
L’eau de la suprême Énergie !
Dans ce contexte de crise généralisée des grands liens, comment rester vivant ? Comment continuer à respirer ? Et comment conserver une foi en l’humain et en l’avenir ? Où trouver en soi et hors de soi les sources de vie et les ressources de sens nécessaires pour ne pas désespérer ? On entend beaucoup parler d’un « effondrement » à venir, par les « collapsologues », et en effet le sentiment de beaucoup de consciences lucides est que notre modèle de civilisation est à bout de souffle, en bout de course. Mais ce n’est pas le moment de s’effondrer intérieurement face à cette menace d’un effondrement extérieur. Au contraire. Désemparés, désorientés, dispersés, et à cause du virus confinés, toujours plus isolés… mais pas abattus !
C’est au moment où tout semble perdu que tout peut être sauvé !
C’est le moment de réagir, de se rassembler pour faire face et réinventer le monde, le réenchanter, le rendre à nouveau désirable et accueillant pour une vie authentiquement humaine.
Oui la nature est empoisonnée,
Oui les sociétés sont déchirées,
Oui le mal est fait !
Mais non tout n’est pas perdu,
Non le mal n’a pas encore vaincu !
Tout est à réparer ?
A recommencer ?
A réinventer ?
Vous allez y arriver,
Vous allez tout changer,
Vous allez finir par le créer,
Le fameux monde d’après !
Mais par où commencer ?
La première chose à faire est de s’engager soi-même, à son échelle, avec les moyens du bord même s’ils sont modestes, à devenir une tisserande ou un tisserand, c’est-à-dire une créatrice ou un créateur de ces trois liens que j’ai évoqués. Commencer par sa propre vie. Commencer par recréer par soi-même et pour soi-même ces trois liens. « Commence par toi », disait Martin Buber, « mais ne te prends pas pour but ». Réapprendre à tisser le lien personnel entre esprit, âme et corps. Vivre bien relié, à nouveau, pour puiser dans nos liens renoués non seulement avec soi mais avec les autres, la nature et l’univers, pour y puiser l’énergie et l’inspiration d’oeuvrer avec d’autres à réparer ensemble le tissu déchiré du monde. Elle est là, la contribution de la vie spirituelle à la transition énergétique : dans la mobilisation de cette ressource d’énergie infiniment renouvelable de nos liens d’amour avec notre être essentiel et tous les autres vivants. Mais comment donc renouer ainsi ?
Pas de recette miracle, la vie spirituelle invite chacun à tracer son propre chemin avec discernement. Et ce, d’autant plus aujourd’hui que la « spiritualité » est en tête de gondole du grand supermarché capitaliste et, à côté de propositions authentiques invitant à prendre le temps de méditer, de se ressourcer, de prendre soin de soi, de se retrouver, on trouve aussi tout un commerce du bienêtre vis-à-vis duquel il s’agit de rester vigilant tant la qualité de « l’offre » est variable. Et la religion… La religion n’est qu’une forme de vie spirituelle parmi d’autres mais elle a toujours prétendu en détenir le monopole. Or, elle revient désormais au premier plan de nos sociétés, pour le meilleur et parfois pour le pire : le meilleur des ressources de sens enfouies dans ses mythes, ses rites, ses symboles millénaires mais aussi le pire de son dogmatisme, de son passéisme, et parfois de son intolérance historique. Ainsi s’agitil, lorsqu’on s’aventure du côté du spirituel, religieux ou non religieux, d’être averti que, comme dans toutes les choses humaines, il n’y a pas là que de l’authentique mais aussi des illusions et désillusions possibles.
Je redeviens donc ici un peu philosophe, et par conséquent que de « donner des réponses » je ne peux qu’aider au questionnement.
Qu’est-ce que se relier à soi, aux autres, à la nature ?
A soi tout d’abord. Comment se réaligner, retrouver du sens à ce qu’on fait en accord avec ce qu’on est ? Remettre de la cohérence, retrouver un accord entre intérieur et extérieur, entre le métier que l’on fait, des engagements, toute une sociabilité, et ce que l’on veut vraiment exprimer de soi, faire de sa vie, sans avoir l’impression désagréable de continuer à la gâcher ou à la disperser ? C’est tout un travail que d’apprendre d’abord à se connaître, à s’écouter en profondeur, à prendre soin de soi, à diriger son existence. Pour cela, il est nécessaire de se poser, d’aménager dans sa vie des temps ou une période de retour à soi, pendant lequel on se coupe de l’agitation habituelle, de ses préoccupations ordinaires, pour y voir un peu plus clair en soi – comme l’eau qui redevient limpide et le fond visible après avoir été troublée. Mais qui s’accorde ce temps de pause, de méditation, de jachère ?
A autrui, tout autant. Comment retrouver avec autrui une qualité de liens, une relation qui ne soit plus superficielle ou conflictuelle ? Des temps de partage, d’écoute mutuelle, et une attitude de compréhension, de la compassion, des opportunités de vraie proximité ? Souvent là encore au quotidien, tout va trop vite, tout est bâclé : on parle à peine, on expédie « les affaires courantes », on laisse faire ses humeurs, on n’est pas très disponible ni attentif. Comment retisser le lien avec ses proches ? Comment, au-delà du cercle des proches, se sentir utile aux autres ? Faire des choses qui ont du sens non seulement pour soi mais pour autrui, des choses qui aident, qui consolent, qui soulagent, qui font du bien au monde ?
Ce sont des questions indispensables pour vivre mieux relié à autrui, des questions que l’on se pose au moment de choisir les études ou les voyages qu’on veut faire, le métier ou le bénévolat dans lequel on souhaite s’investir.
A la nature, enfin. Comment retrouver avec elle une familiarité que nous avons presque totalement perdue ? Cette familiarité qu’ont eue les hommes pendant des millénaires : pas seulement les « peuples premiers » mais aussi tous nos ancêtres paysans, qui vivaient au rythme des saisons et des récoltes. Toutes ces générations avant nous étaient à l’école de la nature, de sa puissance créatrice, de sa beauté, de son harmonie spectaculaire et mystérieuse. Vis-à-vis de cela, nous vivons dans des univers de matière morte – acier, béton, verre, plastique, etc.- où nous, les êtres humains, sommes avec nos plantes en pot et nos animaux domestiques les exceptions vivantes. Ce ne sont pas seulement quelques gestes écologiques qui vont nous permettre de renouer le contact. Trier ses déchets c’est bien, consommer bio, c’est bien mais essayons aussi de nous remettre à l’écoute du vivant, de retrouver la contemplation quotidienne des petites et grandes merveilles de l’univers. Cela ne veut pas dire forcément de repartir vivre à la campagne mais tout de même… Que fait-on donc entassés dans nos villes sans âme ?
Bref, vous l’aurez compris, j’appelle d’abord à faire dans sa propre vie une petite révolution spirituelle – spirituelle et non pas religieuse, car les deux mots n’ont pas le même sens ! Spirituel vient de « esprit », c’est vivre avec une âme et s’occuper de son âme, de ses besoins supérieurs de sens, de fraternité, de contemplation. Mais pour cela, comme pour le reste, l’union fait la force. Pour réussir à s’occuper de son âme, de sa vie et du monde en même temps, commençons donc par créer, là où nous sommes, avec d’autres, ce que j’appelle souvent des écosystèmes de vie bien reliée. Cherchons celles et ceux qui, comme nous, n’en peuvent plus de ce système déréglé, épuisé et qui nous dévitalise en vampirisant toute notre énergie, toute notre vie.
Partons en quête de celles et ceux qui veulent, comme nous, devenir tisserandes et tisserands et avec qui on va pouvoir entreprendre de vivre selon d’autres lois que celles de l’individualisme, du consumérisme, de la compétition et de l’inconscience. Rassemblons- nous partout ! Dans notre quartier, notre commune, sur notre lieu de travail. Créons des collectifs, des cercles de parole, des associations, des réseaux sociaux, mille et une initiatives tisserandes ! Voilà comment se fera la révolution Spirituelle, non pas dans le sang comme les révolutions politiques des siècles précédents mais dans le partage.
En particulier, j’invite deux grandes familles de tisserands à unir leurs forces, les tisserands spirituels et les tisserands politiques, les contemplatifs et les engagés. Les méditants et les militants. Je plaide ainsi pour que les méditants se mettent à militer, et que les militants se mettent à méditer, afin que la prochaine Révolution soit portée non plus seulement par des idéaux politiques comme les précédentes mais à partir d’un progrès de conscience :
Puis vers le dehors,
Que se produit
Tout changement dans la vie,
Comme disait Gandhi…
Pour votre Révolution,
C’est l’inspiration
De votre coeur
Qui sera la meilleure, C’est l’illumination intérieure
Qui sera l’éveilleur !
Et vous donc à travailler
Toujours en même temps,
Simultanément,
Sur ces deux plans liés,
Le progrès éthique
Et spirituel de vos consciences,
Le progrès politique
Et matériel de vos existences !
Les deux sont inséparables,
Et leur association imparable…
Dans « Révolution Spirituelle » ! j’exhorte ceux que j’appelle les Infiltrés – qui changent le système de l’intérieur – et les Évadés – ceux qui se sont inventé une autre vie en marge du système – à créer ces écosystèmes de vie bien reliée dont j’ai parlés ici, et à cultiver en eux-mêmes, et entre eux, la confiance, l’espérance que tôt ou tard ce système insensé va rendre les armes, lui qui paraît si fort alors qu’il se précipite de plus en plus vite contre le mur de son propre non-sens :
L’Empire ne tient plus qu’à un fil !
Encore dans le noir,
Comment demain peut-être
Vous ferez naître
De tous nos progrès matériels
Une Aurore spirituelle.
Philosophe et écrivain
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